Récit

Une cordée pour retrouver confiance en soi

Donner chaque année à des jeunes atteints d’un cancer l’opportunité de vivre une expérience inédite en haute montagne : c’est ce que propose depuis 20 ans le Fonds À chacun son Cervin, géré par la Fondation Roi Baudouin. À l’origine de cette initiative : un passionné de montagne au grand cœur, qui veut partager sa passion avec des jeunes et les soutenir dans leur processus de guérison.

Se découvrir. Se dépasser. Vaincre ses appréhensions. Faire confiance aux autres. Et ensemble, y arriver. Telle est la philosophie qui guide les cordées annuelles d’À chacun son Cervin. Le but à atteindre : l’ascension du Breithorn dans les Alpes valaisannes, en Suisse, par un groupe de jeunes touchés par un cancer, sous traitement ou en rémission. "Une expérience extraordinaire", témoigne Jérôme Duikers, qui avait 17 ans lors de sa participation à la cordée 2015. "Moi qui ne connaissais pas la montage, j’ai adoré découvrir cet univers, le grand air, la randonnée".

Un pas lent, sûr et décidé

L’idée a germé en 1997 dans la tête de Philippe Stroobant. "La montagne est une passion depuis toujours", dit-il, sourire aux lèvres. "C’est un formidable lieu de ressourcement et d’apaisement". Pris dans d’importantes responsabilités professionnelles, il décide un jour de ralentir. Lui qui n’a pas eu d’enfants souhaite s’impliquer en faveur des jeunes. Il croise le chemin du Professeur Cornu, chef du service Hématologie-Oncologie pédiatrique des cliniques universitaires Saint-Luc. Une rencontre déterminante, à la suite de laquelle il décide de construire un projet avec des jeunes de 15 à 20 ans suivis dans ce service. "Il n’existait pas d’activité pour les jeunes de cette tranche d’âge-là ; j’ai donc eu envie de faire quelque chose pour eux. Mon rêve était de leur apporter ce que j’aurais bien aimé apporter aux enfants que je n’ai pas eus", confie-t-il.

Pour donner forme à son action, il crée au sein de la Fondation Roi Baudouin le Fonds À Chacun son Cervin et organise chaque année une expédition pour un groupe de 8 à 9 jeunes. "Nous partons à Zermatt où, pendant 15 jours, nous ne vivons que l’expérience de la montagne. Les jeunes (de 15 à 20 ans, mais parfois aussi des plus âgés, entre 20 et 30 ans) découvrent l’alpinisme et font leurs premiers pas sur un glacier à 4.000 mètres d’altitude. Nous veillons à leur proposer un parcours adapté, qui suscite chez eux l’envie de se dépasser raisonnablement. En retour, nous leur demandons deux choses : être généreux dans l’effort et de bonne humeur !". C’est donc d’un pas lent, sûr et décidé que les jeunes se lancent dans l’aventure. "Lent, car pour beaucoup de jeunes, c’est difficile de ralentir. Sûr, parce qu’en montagne, il faut faire attention où on met les pieds. Et décidé, parce que quand on reste fort dans sa tête, on peut y arriver. Au-delà de la montagne, c’est un apprentissage pour la vie", poursuit Philippe Stroobant, qui veille à transmettre ce leitmotiv aux quelque 180 jeunes qui ont eu l’occasion de participer aux 20 cordées déjà organisées.

Victoire sur soi

Mais la haute montagne, cela ne s’improvise pas, encore plus avec des personnes fragilisées. Les jeunes sont donc encadrés par plusieurs accompagnateurs : guides de montagne, médecins et kinésithérapeutes. Présences rassurantes, tous sont à leur écoute, prêts à adapter le parcours, prodiguer soins et conseils. Le docteur Isabelle De Bock a participé à deux cordées : "Le rôle des médecins est de s’assurer que le programme proposé par les guides est faisable pour les jeunes. Nous connaissons le dossier de chaque patient et nous sommes en contact avec l’oncologue de l’hôpital. S’il y a le moindre problème, si nous voyons que le corps faiblit, nous intervenons".

Et le jeu en vaut bien la chandelle : "Au départ, les jeunes n’y croient pas trop, ils se sentent fragiles. Mais au fur et à mesure, ils prennent conscience de leurs potentialités et acquièrent une découverte de leur corps, qui est capable de beaucoup. Au final, ils réalisent un véritable exploit ensemble, en allant chercher les ressources en eux-mêmes", poursuit Isabelle De Bock. "Ils nous disent souvent qu’ils ont réussi à faire quelque chose que même les jeunes de leur âge bien portants ne font pas. C’est une façon pour eux de tourner la page après la maladie", analyse Philippe Stroobant.

Jérôme Duikers raconte : "L’ascension du Breithorn a été intense. Physiquement, cela allait, mais sur place, j’ai découvert que j’avais le vertige. C’est une limite avec laquelle j’ai dû composer. Le fait d’être porté par le groupe m’a énormément aidé. Ensemble, nous y sommes arrivés, pas après pas. Cette expérience m’a appris que rien n’est impossible. Plus que le défi, c’est la façon dont on l’aborde qui importe et qui fait qu’on peut y arriver. C’est quelque chose que je retiens et que j’applique au quotidien".

"C’est fantastique de lire dans les yeux des jeunes toute la satisfaction et la fierté de l’effort réussi quand nous arrivons au sommet de la montagne", ajoute encore Philippe Stroobant. "Ce n’est pas seulement une victoire sur la montagne, c’est une victoire sur eux-mêmes et c’est une victoire ensemble". La notion de cordée prend ici tout son sens : "L’esprit de cordée, c’est faire quelque chose ensemble. Les jeunes ont la possibilité d’évoluer dans un groupe où chacun a une place à part entière. C’est très important qu’ils ressentent cette dynamique et cet esprit d’équipe".

"Pour un jeune, pouvoir se dire ‘je suis capable de le faire’, c’est un formidable appui pour l’avenir."
Philippe Stroobant
Fondateur du Fonds À chacun son Cervin

Une dynamique qui se marque d’ailleurs dès les premiers instants – "Très vite, alors qu’ils ne se connaissent pas, les jeunes commencent à parler d’eux, à se livrer aux autres, à partager leur vécu par rapport à la maladie et au traitement" – et qui perdure bien au-delà de la cordée. "J’ai gardé de bons contacts avec les autres jeunes de mon groupe", confirme Jérôme Duikers, qui témoigne aussi sa reconnaissance envers le philanthrope. "S’investir pleinement dans un projet, partager sa passion, donner aux autres comme Philippe le fait, c’est fascinant et très inspirant", conclut le jeune homme.

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