Une oasis végétale au cœur de Forest

Géré par la Fondation Roi Baudouin, le Fonds ING pour des Bâtiments durables commence à voir les premières pousses de ses soutiens octroyés à des projets de façades vertes réalisées sur des bâtiments accessibles au public et visibles depuis l’espace public. À Forest, au cœur d’un quartier densément peuplé, un îlot végétal, futur pôle de rafraîchissement dans un quartier fragilisé, vient d’accueillir ses premières plantations. Ce projet vise également à renforcer le lien social entre les habitant.e.s du quartier.

Un grand mur extérieur clair, haut de sept mètres, adossé à un hangar urbain et précédé de quatre colonnes imposantes. Accrochées à cette paroi, quelques plantations grimpantes qui, cherchant la lumière naturelle, commencent timidement à couvrir la surface minérale. À première vue, pas de quoi s’attarder sur cette friche urbaine comme tant d’autres, nichée dans le bas de Forest. Sauf qu’à bien y regarder en cette fin d’été, on devine tout le soin mis par les aménageurs de ce mur et de ses alentours immédiats. Et, surtout, on pressent le potentiel de ce petit coin vert d’un demi-hectare ouvert sur la chaussée de Neerstalle : coquelicots, achillées et millepertuis donnent au lieu, coincé entre deux maisons, une touche colorée estivale. Quelques papillons déambulent ici et là devant la crèche communale bâtie récemment à l’arrière.

En se rapprochant du mur, on comprend mieux pourquoi, si jeunes soient-ils, les plants de clématites, chèvrefeuilles, passiflores et autres jasmins se portent à merveille : fichée dans un mur entièrement ragréé et remaçonné, une structure métallique robuste les soutient et les guide vers le ciel. Au-dessus, une dalle protectrice toute récente recouvre le mur, enduit d’un ciment hydrofuge. En-dessous, au pied des 140 mètres carrés de surface, un mélange de pleine terre et de compost ‘maison’ (du champost, résidu d’une champignonnière bruxelloise) offre aux plantes grimpantes le substrat équilibré nécessaire à leur croissance.

Résistance aux canicules

« Dans quelques années, cet îlot urbain offrira aux habitantes et habitants de ce quartier populaire et multiculturel un superbe mur végétal en 3D, à la fois butiné par les insectes, refuge de nature et de fraîcheur pour les riverains, et habitat pour la petite faune locale », commente Judith Charlier, responsable du Service Développement durable/Éco-conseil de l’Administration communale de Forest. En 2022, déjà, le diagnostic du territoire communal réalisé dans le cadre du Plan Climat communal avait souligné la fragilité du quartier face aux îlots de chaleur et aux risques d’inondations. Si la réfection du mur mitoyen a été prise en charge par la commune elle-même, c’est le Fonds ING pour des Bâtiments Durables, géré par la Fondation Roi Baudouin, qui a financé sa végétalisation.

Le choix des végétaux n’a pas été une mince affaire : des variétés majoritairement indigènes, résistantes aux extrêmes climatiques, peu allergènes et esthétiquement avantageuses. Elles permettront d’étaler la floraison du début du printemps jusqu’aux premiers frimas automnaux. Faciles à tailler, également, à raison d’un seul passage annuel par le service Espaces verts de la commune. « Contrairement aux idées reçues, certains lierres y ont leur place », souligne Ali Haimovici, en charge du Végétalab (la pépinière communale), qui a conçu le projet. « Leurs feuilles sont bicolores et leurs crampons ne sont pas préjudiciables aux murs sains ».

Un lieu extérieur à vivre et partager par les habitants

Si l’installation des grimpantes s’est faite en étroite collaboration avec le service Espaces Verts qui en assurera la gestion, le site sera quant à lui aménagé lors de chantiers collectifs auxquels les habitant.e.s du quartier seront conviés. Ces chantiers ont pour objectif de constituer un groupe d’habitants qui pourront ensuite investir, entretenir et profiter du lieu. « Le premier chantier collectif est prévu le samedi 23 novembre avec, au programme : plantation d’un massif de vivaces, création d’une ‘place to bees’ (lieu d’accueil pour les pollinisateurs) et plantation d’une haie de petits fruitiers. », explique Judith Charlier. « Cette première rencontre nous permettra de constituer un premier groupe d’habitants qui souhaiteraient s’investir dans ce lieu. Nous aurons alors l’hiver pour définir le projet avec eux et programmer les chantiers du printemps avec eux. Le site sera inauguré au printemps 2025, avec le groupe d’habitants co-animateurs du lieu. »

À court terme, trois bacs de végétaux, accessibles aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR) et aux enfants, seront déjà mis à la disposition des habitant.e.s du quartier. Leur production légumière, aromatique et pharmaceutique donnera lieu à des ateliers culinaires, enrichis par la récolte des petits fruits prélevés sur place : groseilles, cassis, framboises… « La construction d’un banc contemplatif en bois a été confiée à un partenaire bruxellois, Fabrik, familier des fonctionnements participatifs. Il s’agit pour les habitants, co-auteurs du banc, de pouvoir se poser près de chez eux, dans un petit coin de nature préservé du stress et des contraintes de l’environnement urbain, entourés de leurs voisins, ayant les mêmes aspirations. », précise aussi Judith Charlier. « Le renforcement du lien social est en effet au cœur de ce projet ».

Le mur végétal s’inscrit dans une dynamique bien plus large : l’accès de toutes et tous à la nature, à la biodiversité et à l’agriculture urbaines. Depuis le Règlement communal de végétalisation adopté en 2016, les Forestois.es qui souhaitent végétaliser l’espace public (façade, trottoir, pied d’arbre...) peuvent compter sur l’aide technique du Service Travaux et l’accompagnement personnalisé du facilitateur/médiateur végétal, Cyril Benoît Godin. Créée en 2019, la pépinière communale met gracieusement une nonantaine de variétés végétales vivaces (surtout indigènes) à leur disposition. « Parler régulièrement aux gens, dans la rue, de fleurs, de jardins et d’espaces verts, ça les fait rêver », s’enthousiasme Cyril Benoît Godin. « Il y avait déjà la pépinière communale. Mais il manquait un site de démonstration pour ‘faire le déclic’ et passer à l’action. Avec son jardin potager à ses pieds, cette muraille végétale sera à la fois notre laboratoire et notre vitrine, reproduisible tant sur les bâtiments communaux que les bâtiments privés ». Vers Forest-la-verte en 2030 ?

À propos du Fonds ING pour des Bâtiments Durables

Créé à l’occasion des 150 ans d’ING Belgique au sein de la Fondation Roi Baudouin, le Fonds ING pour des Bâtiments Durables a été conçu comme un cadeau d’anniversaire à partager avec les quartiers et leurs habitants en soutenant des projets de végétalisation de façades de bâtiments publics. L’ambition était de contribuer à la transition durable des villes, au bien-être des habitants et à la biodiversité dans les espaces urbains. Objectif atteint grâce aux 24 projets soutenus par le Fonds de 2022 à 2023, pour un montant total de 839.266 euros.

Appel à projets ‘Quartiers verts pour une vie urbaine saine et solidaire’

La Fondation Roi Baudouin continue à s’engager pour allier bien-être des habitants et de la planète à travers un nouvel appel à projets : pour toutes les initiatives qui font (re)venir dans les quartiers densément peuplés une nature de qualité et donnent aux habitants la chance de s'épanouir à l'extérieur de chez eux aussi, en connexion avec leurs voisins -qu’ils soient humains, végétaux ou animaux. Consultez les critères de sélection et introduisez votre dossier de candidature jusqu’au 6/01/2025. Plus d’infos