Quand seule la solidarité permet encore de manger
Confronté à des défis sans précédent, le secteur de l’aide alimentaire est plus que jamais sous pression. Même s’il n’apporte pas en soi une solution structurelle à la pauvreté, il est l’expression d’une solidarité et d’une générosité, souvent citoyenne, qui permet à de très nombreuses personnes de se nourrir. Il y a quelques années encore, la Fondation Roi Baudouin n’aurait jamais imaginé devoir soutenir ces acteurs qui font face à des situations de grande déprivation. Pour la deuxième année consécutive, elle leur vient en aide en soutenant 71 organisations de terrain, pour un total de 500.000 euros. Les projets soutenus visent à améliorer la qualité et l’efficacité de l’aide alimentaire, favoriser l’inclusion sociale des personnes précaires, ou encore, développer le réseau de bénévoles.
Le secteur de l’aide alimentaire est aux avant-postes des crises qui se succèdent et frappent les plus vulnérables. En Belgique, plusieurs centaines de milliers de personnes bénéficient d’une aide pour se nourrir. Sous l’effet de l’augmentation des prix des denrées et des factures d’énergie, le nombre de demandeurs d’aide ne cesse de croître, amplifiant une tendance qui avait déjà été très marquée pendant la crise du Covid-19. Ainsi, en 2022, la Fédération belge des banques alimentaires a observé une hausse de 18,2% des bénéficiaires par rapport à l’année précédente – soit quelque 193.344 bénéficiaires chaque mois. En comptabilisant l’aide octroyée via des colis alimentaires, des épiceries et restaurants sociaux, la Fédération des services sociaux estime à 600.000 le nombre de personnes qui ont recours à une aide pour se nourrir.
Une situation qui ne fait qu’empirer
Si les demandes d’aide ont augmenté, les dons de nourriture ont quant à eux diminué, créant de réelles difficultés d’approvisionnement pour le secteur. Les organisations d’aide alimentaire sont également confrontées à une augmentation de leurs propres coûts liés à la hausse des prix (de l’énergie). Dans le même temps, le secteur associatif connaît une diminution du nombre de bénévoles. D’après le Baromètre des associations 2022 publié par la Fondation Roi Baudouin, le nombre de bénévoles impliqués dans une association reste inférieur à 32% par rapport à l’avant-Covid. Or, le fonctionnement quotidien des organisations d’aide alimentaire repose très largement sur ces personnes volontaires.
Bien plus qu’un dépannage alimentaire
Outre le fait de répondre à un besoin de base, le secteur de l’aide alimentaire joue un rôle sociétal essentiel, contribuant à l’inclusion sociale des personnes en situation de pauvreté : les acteurs de terrain créent du lien avec les bénéficiaires, leur proposent des activités conviviales avec d’autres bénéficiaires, les mettent sur la voie de l’activation de leurs droits…
Consciente de l’impact sociétal d’un secteur confronté à d’importantes difficultés, la Fondation Roi Baudouin lançait, mi-2022 et pour la deuxième année consécutive, un nouvel appel à projets visant à soutenir et renforcer les organisations d’aide alimentaire. Un jury d’experts indépendant a sélectionné 71 organisations aux quatre coins de la Belgique, qui ensemble, reçoivent un total de 500.000 euros.
Trois défis majeurs
Les initiatives soutenues tentent de répondre à trois défis majeurs que rencontre le secteur :
- gérer l’augmentation des demandes en amélioration l’efficacité de l’aide et en offrant des produits de meilleure qualité;
- renforcer les réseaux de bénévoles sans qui rien ne serait possible. Ils sont la cheville ouvrière de ces très nombreuses initiatives. Bien souvent, une partie importante de ces bénévoles ont connu eux mêmes la précarité ou sont des anciens bénéficiaire de cette aide;
- offrir un accueil chaleureux pour respecter la dignité de chacun et accompagner chacun au mieux, selon ses besoins.
Voici trois exemples de projets soutenus, illustrés de citations de leurs responsables :
̏Les personnes en précarité doivent avoir accès à des produits de première qualité. C’est une question de dignité.ˮ Alice Berwart, association Nojavel, Forest.
Chaque mois, l’asbl distribue à quelque 1.000 foyers des colis alimentaires entièrement bios composés de fruits, légumes, pains et produits frais. L’aide de la FRB soutient les efforts de l’association pour étoffer son personnel en procédant à l’embauche de bénévoles, qui sont tous issus du public des bénéficiaires de l’association, contribuant ainsi à leur insertion sociale.
̏Nous pensons qu’il faut développer le lien avec des petits producteurs de fruits et légumes, afin de proposer une offre locale et éthique, et surtout, qu’il faut laisser à nos bénéficiaires la possibilité de choisir eux-mêmes les denrées qu’ils souhaitent.ˮ Baudouin Blankaert, Comité de la Samaritaine, Bruxelles.
Attenant au restaurant social du Comité de la Samaritaine, ‘Sam’en VRAC’, une épicerie de produits en vrac, verra la jour en collaboration avec l'asbl VRAC (Vers un Réseau d'Achat en Commun). Soutenu par la FRB, ce projet permettra aux habitants du quartier des Marolles ainsi qu'aux bénéficiaires de la Samaritaine, d'avoir accès à des produits de bonne qualité, issue d'une agriculture durable et locale.
̏Nous souhaitons proposer à nos bénévoles et nos bénéficiaires des formations pour apprendre à gérer leurs déchets, mais aussi découvrir une nouvelle alimentation.ˮ Gérard Hansen, association Saint-Vincent De Paul, Pepinster.
‘0 déchet, 100% saveurs’, le projet de formations conjointes pour bénévoles et bénéficiaires de l’aide soutenu par la FRB, proposera des conseils pratiques sur la découverte de certains produits et la façon de les cuisiner, travaillera autour des dates de péremption, sensibilisera au coût du non-recyclage…
Consultez la liste des 71 projets soutenus, classés par province, ainsi que des coordonnées de contact pour chacun d’eux.
Découvrez un témoignage dans notre récit ‘Nojavel, bien plus que de l’aide alimentaire’.