Nojavel, bien plus que de l’aide alimentaire
À Forest, Nojavel distribue chaque mois près de 1.000 colis alimentaire issus de l’agriculture biologique. L’association s’appuie sur son vaste réseau de bénévoles et œuvre à l’insertion sociale de certains de ses bénéficiaires. Le soutien de la Fondation Roi Baudouin lui permet d’étoffer son personnel en procédant à l’embauche de bénévoles, tous issus du public de ses bénéficiaires.
L’heure de la distribution de colis alimentaires approche. Dans un vaste entrepôt du bas de Forest, dans la région de Bruxelles-Capitale, une vingtaine de bénévoles s’activent en ce début d’après-midi. Certains déplacent les tables, d’autres trient des légumes, alors qu’un petit groupe confectionne des colis alimentaires dans lesquels on trouve des pommes de terre, des carottes, des noix, des salades. Toutes les denrées sont issues de l’agriculture biologique et sont récupérées dans des magasins et chez des grossistes de la région. ̏Les personnes en situation de précarité doivent avoir accès à des produits de première qualité. C’est une question de dignitéˮ, lance Alice Berwart, gestionnaire et coordinatrice de Nojavel, association active dans l’aide alimentaire depuis 2016.
Le bénévolat au cœur de Nojavel
Les bénévoles se regroupent au fond du local pour écouter Emilie Hardy, employée de l’association. Elle parle de bienveillance et de solidarité à l’égard des bénéficiaires, mais aussi du manque de produits frais, des besoins d’aide pour le déchargement de la nourriture, ou encore, de l’aménagement d’un espace de convivialité dans l’entrepôt. Les bénévoles acquiescent et participent activement, car le bénévolat, c’est l’épine dorsale le de Nojavel. Les 120 volontaires que compte l’association sont ou ont été eux-mêmes bénéficiaires de l’aide alimentaire fournie par l’association. ̏Ils viennent pour donner un coup de main, mais aussi pour une ambiance, une convivialité dans un lieu de rencontre et de mixité sociale, culturelle et intergénérationnelleˮ, ajoute Emilie Hardy.
Pour Bénédicte, bénévole depuis bientôt trois ans, ̏participer à Nojavel, c’est participer à quelque chose de plus grand que nos besoins premiers.ˮ ̏La grande majorité des gens qui fréquentent l’association connaissent ou ont connu la précaritéˮ, explique Emilie Hardy. ̏Nous savons qu’il n’est pas facile d’entrer dans une association d’aide alimentaire. Alors nous proposons un accueil humain et chaleureux, toujours sur rendez-vous.ˮ
Nojavel, c’est une aventure humaine collective qui se déploie en de multiples ramifications. L’association propose désormais une donnerie de quartier, un vide-dressing solidaire et la boutique ‘Abracadabra’ de récupération d’invendus destinés à l’enfance, et redistribués à des associations actives auprès d’enfants en situation de précarité.
Une aide primordiale
Pour les bénévoles comme pour les bénéficiaires, l’aide reçue chez Nojavel est primordiale. C’est ce dont témoigne Caroline, bénévole depuis plus de deux ans : ̏J’ai eu des difficultés dans certaines transitions de ma vie personnelle. J’ai voulu emménager seule et cela n’aurait pas été possible si j’avais dû faire mes courses chaque jour.ˮ L’an passé, l’asbl a distribué 250 tonnes de nourriture. La majeure partie l’a été directement aux personnes inscrites chez Nojavel, soit environ 1.000 foyers, et le reste est redistribué à une quinzaine d’associations bruxelloises d’aide alimentaire. Nojavel devient une véritable plateforme des dons d’aliments bios.
Mais le secteur de l’aide alimentaire traverse des difficultés sans précédent. ̏Les crises successives nous affectent directementˮ, témoigne Alice Berwart. ̏Nos factures énergétiques ont doublé et les dons de nourriture diminuent, alors que la demande d’aide augmente.ˮ L’association, prise entre l’augmentation de la demande et la baisse des dons du secteur de l’alimentation, n’a plus été en mesure d’inscrire de nouveaux bénéficiaires, pour la première fois de son histoire. ̏Et si les gens ne mangent pas via l’aide alimentaire, ils ne mangent pas du toutˮ, rappelle Emilie Hardy.
Dans ce contexte difficile, Nojavel a reçu un soutien de 7.500 euros de la Fondation Roi Baudouin, dans le cadre de l’appel ‘Solidarités alimentaires, un pas vers l’inclusion’. Cette aide servira à financer l’emploi au sein de la structure, qu’il s’agisse de contrats de travail à durée indéterminée, ou du paiement de la part de salaire qui incombe à l’association pour des contrats dits ‘article 60’, permettant d’embaucher des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale, dont le salaire est en majeure partie payée par le CPAS.
Aujourd’hui, six employés de Nojavel sont des ‘articles 60’ qui sont toutes et tous d’anciens bénévoles et bénéficiaires. Ils pourraient être huit, voire dix ces prochains mois. Leur embauche fait pleinement partie du projet social de l’asbl, comme le détaille Emilie Hardy : ̏Ces employés peuvent reprendre un rythme de travail, réapprennent à vivre avec des contraintes et puis, ils touchent un salaire et pourront rouvrir leur droit au chômage.ˮ Les nouveaux venus iront chercher d’autres sources d’invendus afin d’augmenter les volumes de récupération d’invendus alimentaires pour faire face à la demande croissante. Une mission essentielle.
À propos de l’appel Pauvreté ‘Solidarités alimentaires, un pas vers l’inclusion’
Mi-2022, la Fondation Roi Baudouin lançait, pour la deuxième année consécutive, un appel à projets visant à soutenir et renforcer les organisations d’aide alimentaire. Celles-ci répondent à un besoin de base dont la demande ne fait que croitre et touchent un large public. Même si l’aide alimentaire n’apporte pas en soi une solution structurelle à la pauvreté, elle constitue un précieux maillon dans l’ensemble des démarches vers l’inclusion sociale de personnes en situation de pauvreté. 71 organisations ont reçu un total de 500.000 euros. Nojavel est l’une des organisations soutenues.
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