Récit

L’inclusion numérique des personnes déficientes visuelles, c’est possible !

‘Handicap : booster l’accessibilité numérique pour tous !’. Le projet d’Eqla, soutenu par le Fonds ING pour une Société plus inclusive dans le domaine du digital, se veut résolument optimiste. En formant des acteurs de première ligne aux technologies d’assistance pour personnes déficientes visuelles, il est possible de réduire la fracture numérique et favoriser l’autonomie.

Eleonor Sana navigue sur des courants peu amènes. Elle ne surfe pas sur des vagues géantes et hostiles, mais sur le site internet d’une enseigne de prêt-à-porter mondialement connue. « Logotype de l’entreprise. Barre oblique. Belgique. Barre oblique », annonce une voix robotique émanant de son ordinateur. « Il n’y a pas de lien d’évitement », déplore Eleonor. « Ce qu’on devrait entendre, c’est tout simplement : ‘Page d’accueil de l’entreprise’. » Derrière ce langage technique se cache un enjeu primordial : celui de l’accessibilité numérique pour les personnes aveugles et malvoyantes.

Eleonor est ‘web master wordpress’ chez Accessia by Eqla. Eqla, c’est l’association belge qui agit avec et pour les personnes déficientes visuelles. Sur le site internet de cette enseigne de prêt-à-porter, Eleonor, elle-même malvoyante, pointe de multiples lacunes de codage qui se transforment en autant d’obstacle pour les personnes déficientes visuelles.

Les technologies conçues pour faciliter la lecture de sites internet sont imbriquées dans les systèmes d’exploitation des ordinateurs, tablettes et smartphones. « Tous les jours, j’utilise le zoom sur mon ordinateur, qui grossit l’image et suit la souris. On peut l’utiliser de manière combinée avec le mode agrandissement », illustre Eleonor. Si ces technologies sont pour elle une évidence, pour les non-initiés, c’est un nouveau monde qui se dévoile. Quant aux sites internet, leur ergonomie dépend du sérieux avec lequel le codage a été effectué. C’est souvent là que le bât blesse.

Il est donc grand temps d’agir. Eqla tente d’impulser le changement, comme l’explique Catherine Borgers, directrice du pôle ‘formation et volontariat’ : « Il faut travailler à l’accessibilité, avant tout pour accroître l’autonomie des personnes en situation de handicap. C’est aussi une question d’accès aux droits sociaux. » Dans une société du ‘tout numérique’, la maîtrise des outils informatiques devient une des clés de l’inclusion. L’accès aux administrations, le remplissage de formulaires, l’obtention d’aides, la réservation d’un ticket de train, l’accès à l’information… Tout passe par l’informatique. L’accessibilité se mue en enjeu démocratique.

Toucher les acteurs de première ligne

Il s’agit donc, en premier lieu, d’outiller les personnes qui cumulent handicap et précarité sociale, et qui sont le plus éloignées de l’inclusion numérique. Pour ce faire, Eqla a développé, de 2021 à 2023, le projet ‘Handicap : booster l’accessibilité numérique pour tous !’, grâce à un soutien de deux fois 29.000 euros du Fonds ING pour une Société plus digitale, géré par la Fondation Roi Baudouin. Pour Catherine Borgers, « le but de ce projet, c’est que les personnes en situation de handicap visuel puissent utiliser les technologies d’assistance pour naviguer sur le web. Pour toucher un maximum de gens, nous avons développé une formation à destination d’acteurs de première ligne confrontés à un public précarisé. »

Au total, 575 animateurs d’Espaces publics numériques (EPN), des bibliothécaires et des assistants sociaux de CPAS ont été formés. Ils ont d’abord découvert les gestes et paroles simples à appliquer pour accueillir les personnes déficientes visuelles. Ils ont ensuite appris les rudiments de l’utilisation des technologies d’assistance sur des supports informatiques, tels que l’agrandissement d’écran, la synthèse vocale, le zoom. Ils sont ainsi mieux équipés pour accueillir et guider leur public déficient visuel.

C’est par l’intermédiaire de ces acteurs de premières ligne qu’Eqla compte toucher un maximum de personnes en situation de handicap visuel et de précarité. En outre, Eqla souhaite changer la donne ‘à la source’, en formant les professeurs de codage en haute école d’informatique afin qu’ils soient pleinement sensibilisés à l’accessibilité numérique et qu’ils adaptent leurs cours. Six formations ont ainsi permis de toucher 95 enseignants et formateurs en codage. Le soutien du Fonds ING pour une Société plus inclusive dans le domaine du digital a contribué à l’achat de matériel informatique et au paiement du salaire du formateur.

« Il est essentiel de travailler l’accessibilité numérique à tous les niveaux. »
Catherine Borgers
Directrice du pôle ‘formation et volontariat’, Eqla

Eqla adopte une approche globale afin d’agir sur les multiples aspects de l’accessibilité numérique. Le contenu sur le numérique est désormais intégré à l’ensemble des formations dispensées par Eqla dans des entreprises, administrations et associations. Par ailleurs, à travers son agence web inclusive Accessia, Eqla agit pour changer la conception de sites internet, afin de les rendre accessibles à toutes les technologies d’assistance. Enfin, avec Blindcode, l’association forme des personnes déficientes visuelles aux métiers du numériques. « Il est essentiel de travailler l’accessibilité numérique à tous les niveaux. Sans cela, la fracture numérique risque de se creuser davantage », conclut Catherine Borgers.

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