Récit

Le sport pour tous avec Goods to Give

C’était en 2018, en pleine coupe du monde de football. Les Diables rouges affrontaient l’Angleterre. L’association Play 4 Peace organisait une ‘soirée frites’ dans un quartier populaire de Bruxelles, devant un écran géant. Elle en profitait pour réunir tous les jeunes, moins favorisés, qui bénéficient de ses programmes sportifs ou de développement personnel, dont des demandeurs d’asile. "Nous utilisons le sport pour casser les barrières sociales et culturelles", explique Ayman Ramdani, directeur de l’association. "Le sport facilite la rencontre et, surtout, permet d’être soi-même." De la boxe, du rugby, du basket, du foot. Les activités proposées par Play 4 Peace sont gratuites, pour éviter que le manque de moyens n’entrave la pratique du sport, et sont accompagnées par des encadrants qui excellent dans leur domaine.

Ce soir-là, à l’issue de la victoire de la Belgique, les jeunes repartent avec le sourire… et avec un sac de sport, offert par l’association. "Ces sacs, nous les avions achetés avec nos fonds propres", se souvient Ayman Ramdani. "Un administrateur de l’asbl Goods to Give était présent, il m’a dit : ‘’Il y a du matériel pour des associations chez Goods to Give’. C’est ainsi que le lien s’est créé entre nos deux organisations."

Passerelle solidaire

Goods to Give met en lien deux mondes qui, bien souvent, s’ignorent. Celui de l’industrie, des grandes entreprises et celui des associations d’aide aux personnes précarisées. L’association lutte contre le ‘gaspillage industriel’ et récolte des invendus non-alimentaires et non-commercialisables – vêtements, sous-vêtements, produits d’hygiène – auprès des industriels ou des enseignes de distribution, puis les met à disposition de plus de 360 structures d’aides aux personnes en situation de pauvreté, partout en Belgique. Il peut s’agir d’épiceries sociales, de CPAS, de maisons de quartiers, d’associations de solidarité. Toutes font leurs ‘courses’ sur le webshop, la plateforme virtuelle de Goods to Give.

L’association dispose de deux entrepôts. Le premier au port d’Anvers, où des tonnes de matériels divers et variés transitent. Le second est géré par l’entreprise de travail adapté Atelier Cambier, à Charleroi. "Nous sommes de véritables logisticiens", affirme Remco Ruiter, directeur de Goods to Give. Ce vaste réseau permet d’aider, chaque année, environ 280.000 personnes. C’est dans cette logique que l’association a mis sur pied, il y a six ans, le programme ‘Back to School with a Smile’ qui permet de fournir du matériel scolaire aux enfants de familles précarisées.

Retour au sport, avec le sourire

"La Fondation Roi Baudouin nous a ensuite contactés car elle avait identifié une série d’obstacles à la pratique du sport pour tous et elle avait l’intuition qu’un projet pilote valait la peine d’être mené", reprend Remco Ruiter. L’argent qui manque pour acheter l’équipement nécessaire à la pratique de la natation à l’école, un budget grevé qui empêche les jeunes de choisir le sport qui leur plaît... Avant tout matériels, les obstacles à la pratique sportive sont bien présents dans la réalité quotidienne des familles fragilisées.

"Nous avons remarqué que de plus en plus d’organisations de lutte contre la pauvreté sont à la recherche d’équipements sportifs pour les enfants de leur réseau qui ne peuvent parfois pas s’en procurer, ce qui les empêche de participer à des activités sportives. Certaines organisations utilisent aussi le sport comme moyen de lutter contre l’exclusion sociale", ajoute Remco Ruiter. Dans la lignée de ‘Back to School with a Smile’, Goods to Give lance alors le projet-pilote ‘Back to Sport with a Smile’. Le concept est le même : se concentrer sur un produit spécifique – en l’occurrence, ici, la collecte d’équipements sportifs – pour lequel il existe un besoin important et les redistribuer aux jeunes en situation de précarité.

Le Fonds Michel Vermeulen & Renée Martin, géré par la Fondation Roi Baudoin, débloque, en 2019, une aide de 50.000 euros, étalés sur trois ans, dont 25.000 euros sont dépensés en 2021, la première année du projet. AG assurances met aussi la main à la pâte. Ces aides sont cruciales car elles déclenchent le mouvement. L’équipe de Goods to Give se tourne alors vers des partenaires potentiels (Décathlon, Cortina Group, All sport, Speedo, Torfs ou Megaform) et leur propose, dans un premier temps, d’acheter du matériel à des prix préférentiels. "L’idée était de créer une relation de confiance avec ces entreprises pour qu’ensuite, elles nous cèdent des invendus", explique Remco Ruiter. Et cela fonctionne. Dans la foulée des achats réalisés par Goods to Give, les dons commencent à affluer de la part des industriels qui peuvent confier leurs articles neufs, mais inutilisables (à cause d’un changement de logo, d’une réorientation marketing, d’un petit défaut) sans avoir à les jeter, tout en bénéficiant d’un retour d’image positive. "Nous avons acheté pour 25.000 euros de produits, mais nous avons pu en distribuer pour une valeur de 125.000 euros", se réjouit Remco Ruiter.

Succès

La première année de ‘Back to Sport with a Smile’ est donc un succès. L’association récupère, stocke et distribue des articles en tous genres, mais, surtout, les plus nécessaires au quotidien. Des ballons, des maillots et bonnets de bain, des survêtements, des pantoufles de gymnastique... En 2021, 63 organisations sociales qui aident des enfants et jeunes défavorisés se sont tournées vers Goods to Give pour participer au projet. Plus de 11.000 articles sportifs ont été distribués à des jeunes en difficulté.

Les associations de terrain peuvent les acquérir moyennant une participation symbolique à hauteur de 10% de leur valeur marchande. Ces associations, ce sont les partenaires habituels de Goods to Give : institutions d’aide à la jeunesse, maisons de quartier, écoles de devoirs… auxquels se sont greffées des associations comme Play 4 Peace qui fusionnent projet social et projet sportif. L’argent économisé sur le matériel sportif est directement réinvesti aux bénéfices des jeunes en difficulté. "Cela peut par exemple nous aider au paiement de la location des salles de sport", commente Ayman Ramdani.

"Certaines organisations utilisent le sport comme moyen de lutter contre l’exclusion sociale."
Remco Ruiter
directeur de Goods to Give

Le projet-pilote de Goods to Give est à présent bien lancé. Une nouvelle édition de ‘Back to Sport with a Smile’ sera lancée fin juin 2022. Avec l’espoir les entreprises partenaires perpétuent et accroissent leur engagement.

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