77% des Belges pensent que l'on contribue à un monde meilleur en faisant un don !
Les Belges sont-ils toujours aussi généreux que ces dernières années ou les crises successives les ont-elles rendus moins enclins à soutenir les bonnes causes ? Une question à laquelle répond le Baromètre de la Philanthropie, publié par la Fondation Roi Baudouin.
Le précédent Baromètre de la Philanthropie date d’avant toutes les crises, catastrophes naturelles et la guerre en Ukraine. Il était donc urgent de s’interroger à nouveau sur le comportement des Belges en matière de dons.
Le Baromètre de la Philanthropie est basé sur deux indicateurs. Le premier, l’Index de la Philanthropie, mesure l'activité philanthropique à l'aide de chiffres objectifs compilés à partir de données provenant des ISBL (institutions sans but lucratif) de la Banque nationale, de l'enquête budgétaire du SPF Économie, d'informations sur les fondations d'utilité publique, de Fonds créés au sein de la FRB et d'informations sur les attestations fiscales collectées par le SPF Finances. Le deuxième indicateur, le "Climat de la Philanthropie", mesure la sensibilité philanthropique des Belges. Ce dernier est un indicateur subjectif. L'enquête pour ce baromètre a été réalisée en janvier 2023 par Ipsos qui a sondé les tendances et les intentions de plus de 1.000 Belges.
Les derniers chiffres disponibles pour l’Index de la Philanthropie datent de 2021. Les chiffres des ISBL prennent en compte trois mesures : les dons, les legs et les cotisations. De manière générale, une réticence a été constatée dans le comportement de donation en 2018-2019, mais elle a été rattrapée en 2020-2021. Les chiffres du secteur non marchand sont particulièrement frappants à cet égard. En 2021, les revenus des institutions sans but lucratif en Belgique se sont stabilisés à un niveau élevé. Les institutions tirent leurs revenus des cotisations des membres, mais principalement des dons. Les revenus provenant de legs dans les institutions sans but lucratif ont continué à augmenter fortement.
L’Index de la Philanthropie prend également en compte les attestations fiscales pour lesquelles on observe un pic en 2020, et qui restent stables en 2021. Cela s’explique notamment par la solidarité remarquable dont les Belges ont fait preuve lors des différentes crises, ainsi que par l’augmentation temporaire de la déductibilité fiscale. Le montant moyen par attestation a même augmenté en 2021.
Le Climat de la Philanthropie montre que le climat économique pèse sur les dons et que les crises du COVID-19, de la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont un impact sur les comportements de dons. En 2020-2021, tout le monde a fait preuve d’une solidarité remarquable lors du COVID et des inondations, mais la crise du pouvoir d’achat est intervenue. Lorsque l'enquête a été réalisée en janvier 2023, la question du pouvoir d'achat était encore très présente, ce qui a rendu le Belge incertain. Entre-temps, la situation s’est déjà un peu améliorée, probablement en raison de l’indexation et d'autres mesures gouvernementales qui ont été prises. Le sentiment à l’égard de la philanthropie a beaucoup baissé en 2022, tout comme la confiance des consommateurs.
Quelques faits et chiffres clés :
- Les Belges reconnaissent l'importance sociétale de la philanthropie. 8 sur 10 la considèrent comme importante. Pour 3 sur 10, elle est essentielle. Depuis 2016, les attitudes à l'égard de la philanthropie sont restées inchangées.
- Une grande majorité (77%) estime que la philanthropie contribue à un monde meilleur. Les jeunes générations en particulier en sont les plus convaincues. 7 sur 10 pensent que la crise et l’inflation élevée ont renforcé l’importance de la philanthropie et que les entreprises ont une responsabilité à cet égard. En outre, environ 6 personnes sur 10 estiment que les hommes politiques ne font pas assez pour les bonnes causes.
- Les donateurs affirment avoir donné autant, voire plus. Les donateurs âgés de 18 à 34 ans déclarent principalement avoir fait plus de dons en 2022 (48 %), ce qui est remarquablement plus que dans les autres tranches d'âge.
- Selon l'enquête budgétaire, les dons ont connu une évolution positive en termes de montant, mais pas en termes de pourcentage de personnes ayant fait un don.
- Près de 6 Belges sur 10 qui ont fait un ou plusieurs dons ont donné jusqu'à 250 euros au total ; par rapport à 2019, le pourcentage de petits dons a diminué.
- 56 % des Belges ont fait un don à une organisation caritative en 2022. Il s'agit d'une baisse significative par rapport à 2019 (63 %).
- La plupart des dons sont allés à la santé et à la recherche médicale (61 %), même si c'est un peu moins qu'en 2019. Les thématiques de l’aide humanitaire et de la pauvreté restent également importantes.
- 75 % des donateurs qui ont fait moins de dons par rapport à l'année précédente ont indiqué que cela était dû à la crise et à l'inflation élevée.
- Les 18-34 ans s'expriment de manière légèrement plus positive et sont plus susceptibles de donner davantage en 2023 que les autres tranches d'âge. Cette différence est plus marquée par rapport aux 55 ans et plus.
- 69 % affirment disposer de suffisamment d'informations pour faire des dons. Ce pourcentage est plus faible qu'en 2019 et 2016 mais n'est pas (statistiquement) significatif.
- Les incitants fiscaux restent une motivation importante pour 63% de la population.
- 13 % des Belges déclarent avoir déjà rédigé un testament ou une dernière volonté. Dans ce groupe, près d’1 personne sur 4 a inclus une organisation caritative dans son testament.