Former des réparatrices de smartphones

Des femmes au secours de l’IT : un vent nouveau ? La Fondation pour l’Inclusion Digitale veut féminiser le secteur digital tout en contribuant à la circularité des produits en organisant une formation sur le reconditionnement de smartphones et tablettes adressée uniquement aux femmes en réinsertion professionnelle. Ce projet de Digital School for Women a bénéficié du soutien du Fonds ING pour une Économie plus Circulaire, géré par la Fondation Roi Baudouin.

« Il m’arrivait de faire de petites réparations chez moi en regardant des vidéos Youtube. Quand j’ai vu la formation de la Digital School for Women, centrée sur la réparation de smartphones et tablettes, je me suis dit : go ! ». Cet élan, Kawtar Bouzid l’a concrétisé. Après sa formation de plusieurs mois, elle a été engagée au sein de l’entreprise aSmartWorld dont la mission est d’inscrire le marché du reconditionnement des smartphones et tablettes dans une logique d’économie circulaire la plus locale possible. Ce parcours est le résultat de la motivation de Kawtar mais aussi de l’engagement de la Fondation pour l’Inclusion Digitale qui a mis sur pied cette formation avec le soutien du Fonds ING pour une Économie plus Circulaire, géré par la Fondation Roi Baudouin.

Reconditionner pour vendre ou donner

Penchée sur son bureau, les petits tournevis et électrodes autour d’elle, Kawtar est concentrée. « C’est de la chirurgie électronique », souligne-t-elle. Les téléphones qui passent entre ses mains sortent des tiroirs de particuliers ou sont issus de dons d’entreprises. 35 % d’entre eux peuvent être reconditionnés. Le reste ? Il s’agit d’un puits éventuel de pièces détachées. Par an, la société aSmartWorld permet la remise en service de près de 4.700 appareils, smartphones et tablettes confondus, sans compter les appareils réhabilités qui sont donnés à la Fondation pour l’Inclusion Digitale que la société a créée. « Avec cette Fondation, nous souhaitons équiper les structures et les personnes qui en ont besoin, sensibiliser et former. L’idée est de réduire la fracture numérique de diverses manières », explique Gatien du Bois, manager de la société aSmartWorld.

Les compétences IT des femmes

En 2022 et 2023, la Digital School for Women a chaque fois accueilli 6 à 8 femmes, sélectionnées par le centre de formation continue Interface 3. Toutes ont été accompagnées par Aline Kamatari, formatrice. « L’homogénéité de ces groupes permet d’avancer efficacement. Toutes ces femmes se motivent entre elles, elles se donnent des conseils. Elles sont vraiment parmi les meilleures élèves, tant elles sont méticuleuses et consciencieuses ». Le plus grand défi est peut-être de leur donner confiance en elles. Leur profil ? « Elles ont généralement entre 25 et 35 ans, sont souvent mères de famille et sont issues de milieux défavorisés. Réussir dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes leur permet d’améliorer leur estime d’elles-mêmes et leur donne l’impulsion nécessaire pour chercher activement du travail dans ce secteur avec une légitimité renforcée », détaille Gatien du Bois. Et Kawtar Bouzid de ricocher : « Quand je dis que je suis réparatrice de smartphones, ça éveille vraiment la surprise. La clé, c’est de pratiquer et de ne pas avoir peur de se tromper au début ».

Devenir actrice de l’économie circulaire

Avant de plonger pleinement dans ce secteur, Kawtar avait un emploi administratif. « En voyant le nombre de téléphones qui arrivent ici et que l’on répare, je prends vraiment conscience de mon impact environnemental », explique-t-elle. Un smartphone reconditionné représente à lui seul plus de 30 kg de CO2 sauvegardés. Le plus gros challenge actuel de la société aSmartWorld : aller chercher les smartphones et tablettes qui dorment dans les tiroirs des particuliers, mais aussi, veiller à ce que chaque personne déverrouille son téléphone avant de le soumettre au reconditionnement. « Notre but est réellement de changer les mentalités par rapport à la consommation des smartphones et tablettes », explique Gatien du Bois. Un défi qui demande d’avoir de la main d’œuvre qualifiée. « La réparation de ces appareils est un métier de niche. On trouve beaucoup de personnes compétentes en réparation d’ordinateurs, mais moins de smartphones et tablettes. C’est l’un des enjeux que nous poursuivons avec notre Fondation pour l’Inclusion Digitale : permettre aux personnes intéressées, et spécifiquement aux femmes, de se former pour nourrir ce secteur de l’économie circulaire », conclut le manager de la société aSmartWorld.