
Tout se joue (déjà) en maternelle
L’école maternelle est une chance indéniable pour offrir à tous les enfants les mêmes opportunités d’épanouissement et d’entrée dans les apprentissages scolaires. Partant de ce constat, la Fondation Roi Baudouin a mis sur pied, en partenariat avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, le projet ‘La maternelle, c’est essentiel’. L’objectif est d’amener chaque membre de la communauté éducative à réfléchir sur sa posture vis-à-vis des enfants issus de milieux précarisés sur le plan socio-économique et/ou de la diversité. À cet effet, des outils de sensibilisation et de formation sont en voie de finalisation.
Personne ne doute aujourd’hui de l’importance des apprentissages multiples qui se jouent à l’école maternelle : socialisation, développement psychomoteur, langage, initiation à l’univers codé des nombres et des lettres, observations diverses… Toutefois, tous les enfants n’entrent pas dans ces apprentissages avec la même facilité, creusant les inégalités dès la maternelle. C’est particulièrement le cas des enfants issus de milieux précarisés et dont la culture familiale est très éloignée de celle de l’école.
Afin de sensibiliser l’ensemble de la communauté enseignante aux enjeux liés, entre autres, à la précarité, la Fondation Roi Baudouin a mis sur pied, en collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, le projet ‘La maternelle, c’est essentiel’. Parmi les outils de sensibilisation et de formation, huit courts films donnent la parole aux acteurs et actrices de terrain. L’objectif du projet est de contribuer à la réussite de tous les élèves, en cohérence avec les visées du Pacte pour un Enseignement d’Excellence.
Pourquoi la maternelle est-elle essentielle ?
"Pour un enfant, le parcours scolaire, c’est comme construire une maison. Et la maternelle, ce sont les fondations. On y apprend les bases", explique Catherine Detilloux, enseignante en 3e maternelle à l’école Bonne Nouvelle. Parmi ces bases, il y a les apprentissages cognitifs évidemment, mais pas uniquement… "En maternelle, on apprend les codes de l’école qui sont conceptuels, langagiers, comportementaux et parfois distants des codes familiaux qui s’inscrivent davantage dans l’action", souligne Marc Jansen, directeur de l’école. Pour les enfants dont les familles sont peu familières avec les codes scolaires, c’est difficile d’entrer dans des normes comme rester assis pour écouter, lever la main pour parler… Et c’est encore plus compliqué de saisir que derrière les actions proposées se cachent des apprentissages abstraits comme dénombrer, organiser… "Ne pas comprendre ce que l’école attend des enfants peut entamer leur estime de soi de manière précoce. Or, elle est primordiale pour apprendre", précise Myriam De Spiegelaere, médecin de santé publique, professeure à l’ULB et présidente du comité d’accompagnement du projet.
Créer du lien avec les familles pour lutter contre les absences
À l’école Bonne Nouvelle, on observe un taux d’absentéisme particulièrement important parmi les élèves socialement fragilisés. C’est une difficulté majeure pour le corps enseignant. "Certains publics précarisés qui côtoient notre école vivent dans des situations difficiles, à la limite de la survie. Pour ces parents, mettre son enfant à l’école parait donc secondaire face à la nécessité de se loger ou de manger", explique le directeur. Pas de tartines ou de collation à glisser dans le cartable… Les raisons sont tantôt économiques, tantôt davantage liées à l’expérience parentale. "Les parents ont parfois été eux-mêmes maltraités par l’institution scolaire, ils n’ont pas envie d’y mettre leur enfant", ajoute-t-il. Créer du lien avec les familles en toute bienveillance est alors essentiel. "Il est primordial pour tout personnel enseignant de partir du postulat que chaque parent veut le meilleur pour son enfant. Sinon, cela crée de la méfiance", souligne Myriam De Spiegelaere.
Intégrer les familles et la diversité culturelle
"J’aborde chaque enfant de façon positive et j’essaie de lui offrir un cadre rassurant. Dans ma classe, tous sont en pantoufles pour se sentir comme à la maison", explique Catherine Detilloux. Le non-jugement semble l’une des clés pour accompagner et intégrer au mieux les enfants issus de divers horizons et de milieux en difficulté. "Nous portons un intérêt à leur langue maternelle, à leur culture, nous tentons d’intégrer les parents dans certaines activités pour que les enfants dépassent le conflit de loyauté potentiel", détaille Marc Jansen. Si la barrière de la langue est parfois difficile à franchir, les enseignant⋅e⋅s ont leurs astuces. "Je passe par exemple par le théâtre et une approche plus corporelle pour que les enfants s’épanouissent… Le langage vient ensuite après, naturellement. Je travaille beaucoup au feeling", ajoute l’enseignante qui travaille depuis dix ans au sein de l’école Bonne Nouvelle.
Se défaire des préjugés
"Les jeunes instituteurs et institutrices sont mal armés face aux difficultés liées à l’origine sociale de certains enfants. J’aimerais que leur formation intègre des outils pour aborder les populations précarisées", affirme le directeur. Pour lui, ce qui bloque, ce sont principalement les préjugés sur les personnes qui bénéficient du chômage, sur telle ou telle religion… Autant de jugements qui rendent la relation aux parents et à l’enfant compliquée. J’essaie toujours de trouver des lieux communs au sein de l’équipe éducative pour que chacun⋅e soit dans l’accueil et la non-interprétation", poursuit Marc Jansen. Pour Myriam De Spiegelaere, il est aussi essentiel que les acteurs et actrices de l’école prennent conscience de l’impact de leurs attitudes et postures. "Mais il est tout aussi important de les écouter dans leurs difficultés, de les aider dans leur cheminement afin que personne ne se sente coupable."
Développer une culture commune
"Le projet ‘La maternelle, c’est essentiel’ a tenté d’identifier, avec une diversité d’acteurs et d’actrices de l’école, quels sont les nœuds qui creusent les inégalités", explique la professeure de l’ULB. Maintenant, l’objectif est de créer une culture commune et de coconstruire avec les différents réseaux et l’inter-réseau (IFPC), ainsi que des représentants des agents CPMS et des acteurs de l’Accueil Temps Libre, une formation accessible à l’ensemble de la communauté éducative et, en particulier, aux enseignant⋅e⋅s de maternelle. Cette formation vise, d’une part à changer de regard et de perceptions par rapport aux enfants et leurs familles issus de milieux précarisés et de la diversité et, d’autre part, à créer le cadre permettant de diffuser des manières de faire et d’être tenant davantage compte de leurs besoins pour entrer dans la culture scolaire. Des courts films présentant des pratiques et des modules de formation vont être testés et consolidés à partir d’octobre 2022 pour être disponibles dans chaque réseau et à l’IPFC dès la rentrée scolaire de 2023.
"En maternelle, les enfants apprennent les bases qui permettent de vivre ensemble et d’apprendre."
"J’ ai participé à la création des films et c’était très riche de croiser les avis des enseignant⋅e⋅s, des logopèdes, des associations de quartier… J’aime montrer ces productions à mes stagiaires pour leur donner des clés", ajoute Catherine Detilloux. Si le projet met en lumière comment aborder la précarité et accompagner la diversité, il y a certains "défis institutionnels que l’équipe éducative ne peut pas changer", conclut Myriam De Spiegelaere, "ceux de la surcharge des classes, du manque de personnel et des locaux peu adaptés. Son utilité est de sensibiliser et donner des clés pour acquérir de nouvelles postures. On avance déjà dans le bon sens pour rendre l’enseignement belge plus égalitaire", pour donner à toutes et tous, plus de chances dès la petite enfance !
Plus d’infos sur le projet ‘La Maternelle, c’est essentiel’
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