Récit

À Marche-en-Famenne, la longue route vers l’autonomie de jeunes en difficulté

2024

Le CPAS de Marche-en-Famenne est confronté à de nombreuses demandes d’aide de jeunes sans emploi et sans formation. L’aide financière ne suffit pas. Une accompagnatrice sociale les accompagne dans leur chemin vers l’autonomie. Ce projet s’est vu décerner un soutien de 20.000 euros dans le cadre des Ethias Youth Solidarity Award, une initiative de l’Ethias Impact Fund, géré par la Fondation Roi Baudouin.

Non loin de Marche-en Famenne, de jeunes gens partagent leur quotidien dans une maison au petit jardin touffu. Ce lieu, appelé Hargi’jeunes, est bien plus qu’un simple kot étudiants. Dans ce logement collectif développé par le CPAS de Marche, en partenariat avec l’agence immobilière sociale Nord-Luxembourg et le service d’aide en milieu ouvert Mic-ados, on aide des jeunes en difficulté à vivre en autonomie.

Âgés de 17 à 25 ans, ces jeunes ont eu des parcours de vie chaotiques, parfois en rupture avec leur milieu familial. Hugues est l’un d’eux. Il a découvert le lieu grâce à des amis, « qui avaient tous des difficultés, en général avec leurs parents. Ils voulaient partir de chez eux et certains vivaient ici », se remémore-t-il. Depuis, Hugues a posé ses valises dans cette maison où il a pu rebondir grâce à un « véritable esprit collectif, de soutien mutuel, d’entraide », qu’il apprécie particulièrement.

Dans ce logement, il a fallu tout apprendre. La gestion d’un budget, les démarches administratives, l’inscription à la commune, la mise en ordre de mutuelle, la sortie des poubelles. Toutes ces petites choses essentielles, ils les apprennent avec l’aide de Françoise Désert, accompagnatrice sociale du CPAS. Son job à elle, c’est d’abord de « tenir le guidon du tandem », dit-elle de manière imagée, avant de laisser les jeunes, peu à peu, « se saisir du guidon et conduire seuls ». L’enjeu est donc de taille : il s’agit d’aider les jeunes à prendre le contrôle de leur vie.

Apprendre à faire des choix

L’apprentissage de l’autonomie est une route longue et escarpée. Surtout lorsqu’on n’a pas beaucoup été épaulé dans la vie. Certains jeunes sont abîmés, parfois usés, sans énergie, en manque de confiance et d’appuis. D’autres se sentent livrés à eux-mêmes au sortir des circuits de l’Aide à la jeunesse. « Je les aide à développer des compétences, des aptitudes, des savoir-faire et savoir-être », explique Françoise Désert. « L’objectif est avant tout que ces jeunes fassent des choix par eux-mêmes, en réfléchissant aux conséquences de leurs décisions. »

C’est généralement le service social du CPAS qui les oriente vers Françoise. Depuis 18 mois, 25 jeunes ont bénéficié de cet accompagnement ‘à la carte’, qu’ils vivent en logement social, en logement privé, dans le kot Hargi’jeunes ou encore à l’Olivier, un autre lieu de mise en autonomie.

Au fil des mois, lorsque la confiance s’instaure, des projets éclosent dans ce cocon protecteur. Des perspectives de vie. Des esquisses d’un ‘mieux’. Hugues a par exemple bénéficié de services du CPAS pour apprendre à rédiger un CV et une lettre de motivation, et pour passer des entretiens. Alors qu’il avait tout quitté en cinquième secondaire, il va reprendre des études pour devenir éducateur.

Les études, les formations, sont des horizons à atteindre, bien sûr. Mais Françoise Désert intervient en amont, d’abord pour aider à reconstruire cette estime de soi, si souvent blessée. Certains jeunes débordent d’émotions, parfois de colère. C’est un long travail que d’apprivoiser ses propres tourments. « Au début, ils sont tellement mal, ils ont tant été confrontés à l’échec qu’il faut y aller étape par étape, qu’ils fassent d’abord des expériences positives, avant de parler d’emploi ou d’école », ajoute l’accompagnatrice sociale. L’accompagnement « à la vie d’adulte » s’ancre d’abord dans des gestes simples, du quotidien, comme l’ouverture de sa boîte aux lettres, le paiement des factures, la préparation d’un repas. C’est ce dont témoigne Ambre, 18 ans, arrivée chez Hargi’jeunes au sortir de l’aide à la jeunesse. « Ici c’est un lieu pour des jeunes qui ne sont pas prêts à vivre en autonomie. J’apprends par exemple à faire un budget grâce à une petite appli », dit-elle, dans sa chambre coquette et bien entretenue.

Un véritable tremplin

Le CPAS de Marche-en-Famenne est confronté à de multiples sollicitations de jeunes adultes, qui constituent 50 % de son public. Les crises successives, du Covid à l’inflation, ont davantage fragilisé les jeunes les plus précaires. Ce projet, qui sort des missions traditionnelles du CPAS, est en partie financé sur fonds propres. Le soutien de 20.000 euros dans le cadre des Ethias Youth Solidarity Awards est donc essentiel, car il permet de rémunérer le travail de Françoise Désert, qui se démène au quotidien auprès des jeunes. Et c’est loin d’être anodin. Car pour Hugues, l’aide qu’il a reçue ici fait toute la différence. C’est un « véritable tremplin » lâche-t-il, dans un sourire timide.

À propos des Ethias Youth Solidarity Awards

Les Ethias Youth Solidarity Awards sont une initiative de l’Ethias Impact Fund, le Fonds d’entreprise créé par l’assureur Ethias et géré par la Fondation Roi Baudouin. Le Fonds soutient en priorité des organisations et des projets qui luttent contre la pauvreté en Belgique et qui agissent en faveur de la santé ou de l’environnement. Quinze projets d’associations visant à combattre la précarité des enfants et des jeunes de moins de 30 ans ont ainsi été sélectionnés dans le cadre des Ethias Youth Solidarity Awards 2024. Ils ont reçu un soutien total de 275.000 euros. Le projet ‘Outiller les NEETs* à l’autonomie’ du CPAS de Marche-en-Famenne est l’un des projets sélectionnés.

« Le projet vise à aider les jeunes à prendre le contrôle de leur vie. »
Françoise Désert
Accompagnatrice sociale du CPAS de Marche-en-Famenne

*Not in Education, Employment or Training

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