Enquête eupinions : à l’approche des élections et deux ans après le début de la guerre, les Belges se lassent, mais continuent à soutenir l’Ukraine
Dans la perspective des élections législatives de juin 2024, les dirigeants politiques sont confrontés à un électorat qui manifeste certains signes de lassitude dans son soutien à l’Ukraine, après deux années de guerre avec la Russie. Un nouveau sondage réalisé par eupinions, avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin, révèle toutefois que les opinions sur cette question divergent au sein des partis et des obédiences politiques, tant parmi les électeurs francophones que néerlandophones. Ces clivages sont source de défis – et d’opportunités – pour trouver un consensus politique, tant dans le cadre belge que dans le contexte plus large de l’Union européenne.
Ces conclusions figurent parmi les résultats de la dernière enquête trimestrielle européenne réalisée par eupinions, l’outil de sondage de l’opinion européenne développé par la Bertelsmann Stiftung et soutenu par la Fondation Roi Baudouin. Menée durant le mois de décembre auprès de 13.000 citoyens dans l’ensemble de l’Union européenne, dont 1.112 en Belgique, cette étude a sondé les préférences politiques des répondants sur un spectre droite-gauche, puis les a corrélées à leurs opinions sur l’Ukraine.
Le soutien des Belges s’affaiblit sur des questions clés, telles que l’adhésion de l’Ukraine à l’UE ou la fourniture d’armes à Kiev. Au moment du sondage, 58% des électeurs belges se déclaraient en faveur d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne dans les prochaines années, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne européenne (60%) et au pourcentage de septembre dernier pour la Belgique (62%). Il s’agit aussi du niveau de soutien le plus faible en Belgique depuis le lendemain de l’invasion russe du 24 février 2022 – 65% des Belges se déclaraient alors en faveur de cette adhésion.
Les Belges sont légèrement plus favorables que la moyenne des citoyens européens à la fourniture d’armes à l’Ukraine : 58% en Belgique, contre 55% dans l’UE. En juin dernier, cependant, pas moins de 65% des électeurs belges se déclaraient favorables à la fourniture d’armes à Kiev – toujours dans le cadre du sondage eupinions.
Dans la perspective des élections législatives du 9 juin prochain, ainsi que des élections européennes qui se déroulent le même jour, la cartographie des opinions sur les positions à adopter à l’égard de l’Ukraine en fonction des choix de parti des répondants révèle quelques tendances générales, mais aussi des lignes de fracture parmi les électeurs votant pour un même parti.
De manière générale, les 60% des Belges qui votent pour des partis néerlandophones affichent un soutien légèrement plus marqué à l’Ukraine que les francophones. Ainsi, lorsqu’on leur demande s’ils sont favorables à un embargo sur les importations russes, même si cette mesure impacte négativement leur facture énergétique, 65% des néerlandophones répondent par l’affirmative, contre 61% des francophones.
Là où, dans l’ensemble de l’Europe, les personnes votant à gauche ou pour le centre-gauche tendent à être plus favorables au soutien à l’Ukraine que les électeurs de droite, les électeurs belges francophones de gauche, et plus particulièrement ceux qui votent pour le PTB, semblent plus sceptiques que la moyenne européenne. Quelque 70% des électeurs du PTB sont opposés à la fourniture d’armes à l’Ukraine, une opinion partagée par 57% de répondants qui se revendiquent du parti frère flamand, le PvdA. Pour illustrer la complexité de la situation, on remarquera que les partisans de deux partis belges seulement – le PTB en Belgique francophone et le Vlaams Belang en Flandre – sont majoritairement opposés à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Cette majorité est toutefois ténue, car 43% des électeurs PTB et 47% des électeurs Vlaams Belang se déclarent favorables à cette adhésion.
Parmi l’ensemble de la population européenne, la proportion de personnes qui se déclarent favorables à la livraison d’armes à l’Ukraine n’est plus aujourd'hui que de 55%, alors que ce pourcentage était encore de 60% en septembre 2023 et de 62% l’année précédente. Si les Polonais sont les plus favorables à ces livraisons, l’opposition des Italiens aux livraisons d’armes a progressé à 60% (53% en septembre), seuls les électeurs de centre gauche y étant majoritairement favorables.
Catherine de Vries et Isabell Hoffmann, eupinions : « Si certaines tendances se dessinent clairement dans l’opinion publique quant aux réponses à apporter par l’Union européenne à la crise ukrainienne, des exceptions notables et des variations entre États membres soulignent la complexité de cette matière. À mesure qu’évolue la dynamique géopolitique, comprendre ces opinions et y répondre sera crucial pour façonner des politiques efficaces et des réponses adéquates au sein de l’Union européenne. »