
À la Châtaigneraie, une passerelle ‘en béton’ vers la vie adulte
À la maison d’enfants La Châtaigneraie, à Ottignies-Louvain-la-Neuve, il n’a fallu que quelques heures pour ériger un nouveau bâtiment destiné aux jeunes promis à une vie plus autonome. Une construction ‘hyperrapide’, dont l’aménagement a bénéficié du soutien du Fonds IKEA, géré par la Fondation Roi Baudouin, dans le cadre d’une action de solidarité visant à faciliter l’accès de jeunes vulnérables à un logement durable.
Rentrer de l’école et trouver à son adresse habituelle une maison flambant neuve là où, le matin-même, se dressait un simple cabanon en bois entouré de graviers. Cette expérience insolite, les enfants de la Châtaigneraie, une maison d’enfants située à Ottignies-Louvain-la-Neuve, l’ont vécue fin 2020. Ce jour-là, quatre modules préfabriqués d’une bonne vingtaine de tonnes chacun ont été déchargés de leur camion, déplacés par une grue, puis assemblés en quelques heures pour former une habitation en bonne et due forme. Depuis lors, celle-ci complète l’offre de services de ce Service Résidentiel Général, installé à Ottignies depuis 1990 au profit d’une vingtaine d’enfants de 3 à 18 ans malmenés par vie. Les bénéficiaires de la nouvelle construction sont les ados les plus âgés de la maison, appelés à prendre progressivement leur autonomie et à s’émanciper de certains réflexes acquis pendant leur passage – parfois très long – à la Châtaigneraie.
Des enfances malmenées
Quatre des cinq studios d’insertion ont été immédiatement occupés. "Depuis des années, nous désirions aider nos jeunes à prendre leur envol d’une façon graduelle", commente Benoît Henreaux, directeur de la maison d’enfants. "Placés par les Services de l’Aide à la Jeunesse ou par les Services de Protection de la Jeunesse, les enfants de la Châtaigneraie ont été blessés physiquement ou psychiquement par un environnement familial où, le plus souvent, leurs parents ont été dépassés, confrontés à des problèmes d’addiction, de maladie mentale, de prostitution, d’emprisonnement, etc. Avec un tel vécu, il n’est pas question de les abandonner, lorsque leur majorité se rapproche (la législation relative à l’Aide à la Jeunesse prévoit la possibilité d’une mise en autonomie dès l’âge de 16 ans et 8 mois, celle-ci pouvant s’étaler jusqu’à l’âge de 20 ans), qui plus est sur un marché de l’immobilier connu en Brabant wallon pour ses loyers exorbitants. Sans parler de la crise du Covid-19, venue accentuer la crise du logement, encore plus pour les jeunes dépendant du secteur de l'Aide à la jeunesse. On pourrait bien sûr les installer à Namur ou à Gembloux, où les loyers sont un peu plus raisonnables. Mais cela reviendrait à casser leurs réseaux (amis, connaissances, écoles…) et, de là, à compromettre leurs chances d’émancipation et de transition vers la vie adulte."
Le cercle vertueux des appels aux dons
Lorsqu’elle s’est lancée dans une telle aventure, l’asbl disposait déjà du terrain nécessaire : une facilité incontestable. Il lui a toutefois fallu trouver les fonds nécessaires pour le ériger bâtiment. Une bonne vingtaine d’entreprises donatrices ont répondu présentes, certaines fidèles à la Châtaigneraie depuis des années, d’autres contactées sur base de l’excellent carnet d’adresses des membres de l’asbl sœur, les Amis de la Châtaigneraie. "Dès que nous avons eu des promesses de dons suffisantes pour honorer la moitié du budget total (soit quelque 275.000 euros), l’effet d’entraînement a pleinement joué. Les nouveaux donateurs se sont sentis en confiance et nous ont rejoints. Pour les meubles des studios, je ne voulais pas qu’à peine installés dans leurs murs, les jeunes soient obligés de débourser des montants importants. J’ai vu, sur le site de la Fondation Roi Baudouin, l’appel du Fonds IKEA dans le cadre d’actions de solidarité Covid-19. Nous avons introduit un dossier de candidature et notre projet a été sélectionné. Le soutien du Fonds nous a permis de financer l’acquisition du mobilier de toute la maison, tant celui des chambres que celui des espaces communautaires (y compris l’électro-ménager), pour un montant de 15.000 euros."
Autonomie balisée
Matteo (prénom d’emprunt), 19 ans, étudiant en comptabilité à Wavre, a passé neuf années de sa vie à la Châtaigneraie avec son petit frère. Depuis quelques mois, il fait partie des quatre premiers occupants du nouveau bâtiment. D’une motivation très moyenne à ‘déménager’ au départ, il adore aujourd’hui sa nouvelle vie : davantage d’autonomie, moins d’autorisations à solliciter auprès des éducateurs… Selon le Règlement d’Ordre Intérieur, il doit assumer, comme ses trois co-résidents, le lavage de sa vaisselle et de son linge, la propreté de sa chambre, ses démarches administratives et médicales et, bien sûr, le respect des horaires scolaires. S’il décide d’inviter des amis pour une fête, il doit obtenir l’accord préalable des autres occupants.
Des bases solides
"Cette solution de logement répond à la demande de jeunes qui ont très peu de moyens financiers."
Pratique : s’il veut rendre visite à son frère, il lui suffit de se rendre dans la maison voisine. Matteo s’est aussi fait de nouvelles relations, puisque deux de ses co-résidents viennent d’autres maisons d’enfants brabançonnes. Chaque occupant en autonomie rencontre l’équipe éducative une fois par semaine, histoire de faire le point sur sa nouvelle vie. "Nous sommes encore dans une phase d’ajustement", souligne le directeur. "Mais tout se passe très bien. Le Covid-19 nous a obligés, hélas, à reporter notre projet de mise en réseau des jeunes avec les kots à projets (KAP) de Louvain-la-Neuve. Mais ce n’est que partie remise. Surtout, nous l’avons échappé belle : la construction a pu se terminer juste avant la flambée du prix des matières premières et, par ailleurs, notre contrat d’approvisionnement en gaz, basé sur un prix fixe établi fin 2021, court jusqu’en 2024." Bref, de bonnes bases, à la fois financières et éducatives, qui annoncent de bonnes conditions d’envol des grands ados vers la vie adulte.
À propos du soutien du Fonds IKEA
Géré par la Fondation Roi Baudouin, le Fonds IKEA a lancé en 2020 une action de solidarité suite à la crise du Covid-19. L’appel à projets ‘A place called home’ visait à soutenir des projets qui facilitent l’accès à un logement durable pour des familles monoparentales et/ou des jeunes fragilisés. Au total, 36 projets ont été soutenus pour un total de 500.000 euros. Le projet de La Châtaigneraie est l’une des initiatives bénéficiaires.
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