
Du terrain sinistré au projet solidaire : un projet innovant à Trooz
"L’idée est de remettre au travail un maximum de demandeurs d’emploi de longue durée en partant de leurs intérêts et de leurs compétences, et en répondant à un certain nombre de besoins locaux insatisfaits."
Lors des inondations de l’été 2021, la crue de la Vesdre a entièrement submergé l’ancien terrain de football de Nessonvaux, dans la commune de Trooz. Que faire de ce lieu dévasté ? Avec le soutien de dons collectés par la Fondation Roi Baudouin, le CPAS y développe un projet original, qui concilie maraîchage biologique, insertion sociale et lutte contre la précarité.
“L’initiative a vu le jour avec le soutien de la Croix-Rouge", raconte Etienne Vendy, le président du CPAS de Trooz. “Elle avait récolté des fonds pour venir en aide aux communes les plus sinistrées après les inondations de 2021. Elle voulait les consacrer à des projets qui avaient à la fois une dimension éco-environnementale et sociale, d’aide aux populations les plus fragilisées. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer, sur l’ancien terrain de football de Nessonvaux, un maraîchage biologique, et de transformer les légumes ainsi produits en potages sains distribués aux élèves des écoles de la commune”.
D’emblée, il fut décidé que ces potages seraient distribués à tous les élèves des six écoles de Trooz, indépendamment du réseau auquel elles appartiennent. “Nous ne voulions pas cibler uniquement les enfants les plus précarisés, car cela aurait été trop discriminant. De plus, quatre écoles sur nos six implantations avaient été sinistrées par les inondations, ce qui concernait pas moins de 400 enfants”, poursuit Etienne Vendy.
Obstacles à surmonter
Cultiver des légumes afin d’en faire des potages pour les enfants des écoles de l’entité : une idée séduisante et simple sur le papier. Mais, dans la réalité, les obstacles à surmonter étaient nombreux. Qu’en était-il de la qualité du sol ? N’avait-il pas été pollué par des substances (comme du fuel) charriées par la crue de la Vesdre et ne fallait-il pas l’assainir ? Etienne Vendy : “nous avons demandé à des experts de la faculté agronomique de Gembloux de venir faire des analyses. Celles-ci se sont révélées assez rassurantes : il y a une pollution historique dans toute la vallée, due au passé industriel de la région, mais les inondations n’ont pas aggravé la situation. Les spécialistes de Gembloux nous ont conseillé d’installer des bacs de culture à certains endroits plus sensibles. Ils mènent aussi sur le site des expériences de décontamination du sol”.
La gestion d’un maraîchage ne s’improvise pas et nécessite l’établissement d’un plan de culture précis. Amandine Delwarte, jeune maraîchère, a été engagée à mi-temps : “j’ai calculé quels légumes, et en quelles quantités, il fallait planter à tel ou tel moment de l’année pour avoir chaque semaine la quantité nécessaire – ni trop, ni trop peu – pour les potages. Tout cela en tenant compte des saisons et des pertes, et en veillant à varier de semaine en semaine la composition des soupes”.
Territoire Zéro Chômeur
Mais, la principale difficulté était de trouver de la main d’œuvre non seulement pour la culture, mais aussi pour la transformation des légumes et la distribution des potages – qui doivent en outre respecter les normes de l’Afsca. Le CPAS s’est rendu compte que cela dépassait ses moyens d’action et s’est tourné vers un partenaire : les Ateliers de la Vesdre. “Il s’agit d’un projet commun entre les CPAS de Trooz et de Chaudfontaine”, explique Etienne Vendy, “qui est inspiré de l’expérience française des ‘Territoires Zéro Chômeur’. Avec le soutien de la Région wallonne et du Fonds Social Européen, l’idée est de remettre au travail un maximum de demandeurs d’emploi de longue durée en partant de leurs intérêts et de leurs compétences, et en répondant à un certain nombre de besoins locaux insatisfaits. Dans nos deux communes, 17 anciens chômeurs de longue durée sont actuellement employés dans le cadre de ce dispositif et assurent différentes tâches : un service de déménagement social, un lavoir, une brasserie avec un atelier de transformation des légumes… et la participation à ce projet de maraîchage”.
Concrètement, le but est que les légumes produits sur l’ancien terrain de football soient transformés en potages qui sont distribués tour à tour dans les différentes écoles de la commune. 572 potages sont ainsi produits chaque semaine ! Comme le projet a été lancé assez récemment, la production du maraîchage ne suffit pas encore à couvrir les besoins et, pour l‘instant, il faut aussi s’approvisionner auprès d’une coopérative locale. Le coût de cette phase de transition est financé par le solde des dons collectés par la Fondation Roi Baudouin pour venir en aide aux victimes des inondations. Etienne Vendy : “c’est une précieuse aide au démarrage, qui nous permet de franchir la délicate période des premiers mois d’activité et de tester le concept. Mais, dès l’année prochaine, le projet devrait être autosuffisant” !
Espace de convivialité
Enfin, le vaste site de l’ancien terrain de football et de ses abords est aussi devenu un espace de convivialité et de sensibilisation à l’environnement. À côté du maraîchage, de petites parcelles individuelles, librement accessibles, sont mises à la disposition d’habitants du village, qui peuvent cultiver ensemble un potager communautaire. Un petit groupe de mamans solos s’y retrouve aussi régulièrement et peuvent ainsi rompre leur isolement. Deux mares didactiques avec panneaux pédagogiques ont par ailleurs été aménagées. L’été, dans le cadre des activités extrascolaires organisées par la commune, des enfants viennent s’initier à la gestion de la biodiversité et découvrir comment on cultive des légumes.
“Il y a des villageois qui ont demandé s’ils pouvaient venir faire un barbecue ; un centre d’accueil tout proche aimerait que les demandeurs d’asile qui y sont hébergés puissent venir cultiver l’une ou l’autre parcelle ; il y a encore toute une partie du terrain qui est en friche… Ce ne sont pas les possibilités qui manquent, mais nous voulons grandir pas à pas, en voyant chaque fois si nous avons les moyens de répondre à ces demandes”, conclut Etienne Vendy.
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