Récit

Dans les squats, Cover veille

2025
« Nous intervenons dans des lieux de très grande précarité, au plus près des populations vulnérables. »
Rémi Dekoninck
coordinateur de Cover

À Bruxelles, Cover apporte une aide médicale et sociale aux plus précaires, dans les centres d’hébergement d’urgence, en rue ou dans les squats, tout en assurant une veille sanitaire dans la ville. L’équipe pluridisciplinaire sillonne la capitale avec sa fourgonnette, distribuant du matériel, financé grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin, ainsi que des propositions d’aide adaptées aux besoins des bénéficiaires. Reportage. 

Le van se gare près d’un immeuble délabré dans le nord de Bruxelles. L’équipe de Cover est accueillie par Osman, un réfugié soudanais qui fait partie des quinze personnes à occuper temporairement le lieu. À peine arrivés dans le squat, Matilde, Thuan, Richard et Bylla déchargent leur fourgonnette sous le regard bienveillant d’Osman. Ils déposent un chauffage d’appoint, des matelas, des couvertures, des savons, divers produits d’hygiène, essentiels pour prévenir les possibles infestations, de gale ou de punaises de lit, par exemple. Grâce au soutien de 60.000 euros de la Fondation Roi Baudouin, Cover a pu acquérir ces produits, ainsi que des tentes chauffantes contre les punaises de lit et du matériel médical.  

« Aujourd’hui, les besoins sont avant tout matériels, mais un des résidents a fait une demande d’aide individuelle pour accéder à des soins de santé », témoigne Matilde, travailleuse sociale chez Cover. « Dans ce genre de cas, il m’arrive souvent d’accompagner les personnes au CPAS, puis en maison médicale ». 

Veille sanitaire, aide médicale et administrative 

Cover est une initiative soutenue par Vivalis, l’administration en charge de la santé à Bruxelles, co-gérée par le Projet Lama, qui aide les personnes souffrant d’addictions, et le New Samu Social. Son équipe pluridisciplinaire, composée de médecins, de psychologues, de travailleurs sociaux et de médiateurs interculturels, intervient dans les zones d’extrême précarité : les hébergements d’urgence, les squats, la rue.  

« Nous intervenons dans des lieux de très grande précarité, où vivent des populations particulièrement vulnérables », résume Rémi Dekoninck, coordinateur du projet. Parmi les missions de Cover, la veille sanitaire occupe une place centrale. L’équipe élabore des protocoles d’action pour contenir les maladies infectieuses, hautement contagieuses, comme la gale, la tuberculose, le Mpox ou la rougeole. Elle accompagne également des personnes dans des trajets de soins, en lien avec des CPAS, hôpitaux, maisons médicales, tout en les aidant dans leurs démarches administratives et en les réorientant vers des services partenaires. Dans certains lieux, Cover organise même des groupes de parole ou des activités de groupe.  

Aujourd’hui, le squat abrite principalement des demandeurs d’asile sans solution d’hébergement. « Dans ce squat, il y a beaucoup de demandes d’aides pour des démarches administratives, vers le CPAS, ou pour bénéficier d’une couverture médicale ou contacter un avocat », explique Martin, bénévole dans cette occupation temporaire et médiateur interculturel chez Cover. Quant à Osman, réfugié reconnu, il peine à trouver un logement abordable malgré ses multiples recherches.  « Il y a de plus en plus de réfugiés reconnus qui vivent en squats et, bien sûr, des demandeurs d’asile confrontés à la saturation du réseau d’accueil », atteste Rémi Dekoninck.  

En première ligne 

Les membres de l’équipe Cover sont en première ligne face à la précarité croissante à Bruxelles, conséquence de multiples crises. La crise du marché locatif et la saturation du réseau d’accueil des demandeurs d’asile viennent grossir les rangs des plus précaires. Dans ce contexte, les occupations de lieux vides, qu’il s’agisse d’occupations négociées avec une autorité publique ou d’occupations de fait, ne cessent d’augmenter, et les demandes d’aide aussi. Cover intervient dans plus d’une quarantaine de lieux, toujours avec l’accord des occupants. 

L’équipe de Cover quitte le bâtiment du nord de Bruxelles et prend la direction du sud de la région-capitale. Là encore, des trousses de soin, des housses, des savons, des langes sont distribués. C’est l’un des premiers contacts de Cover avec ce squat. Richard, chargé de communication, explique à Paul, l’un des résidents, la nature des interventions de son équipe : « Nous sommes une équipe sociale et médicale, avec des médecins. On travaille par exemple sur les assuétudes. Si quelqu’un a besoin d’un soutien médical ou a des difficultés à faire une demande, nous pouvons aider à le raccrocher à un parcours de soin. » Paul marque immédiatement son intérêt : « Nous avons accueilli des gens avec des problèmes d’addiction et des problèmes psychiatriques. Cela pèse sur le groupe et nous nous sentons démunis face à ces problèmes. » Lui-même apprécierait une aide pour se réaffilier à un régime de sécurité sociale.  

À quelques pas de lui, Mohammed, sans-papier, raconte son histoire. Il est arrivé en Belgique il y a plus de dix ans, après avoir vécu en Espagne. Il est diabétique, se plaint de problèmes au cœur, d’une blessure à l’épaule, de douleurs aux dents. Matilde, qui parle espagnol, fait le lien avec lui. « Je lui ai expliqué que je pouvais l’aider et l’accompagner pour des démarches d’accès aux soins. »  

L’équipe quitte ce squat en y laissant de multiples produits et quelques cartes bien visibles. Le quatuor se dirige vers son prochain rendez -vous, un autre squat récemment ouvert dans les confins de la ville.  

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