Récit

Au musée BELvue, l’alliance réussie de la culture et du soin

2025

De nombreuses études le prouvent : visiter un musée est bon pour la santé. En proposant une expérience de qualité, adaptée aux besoins spécifiques des patient·es, la visite du musée constitue un support complémentaire au parcours de soin. Au musée BELvue, une douzaine de visiteurs de l’hôpital de jour psychiatrique du CHU Brugmann en ont fait l’expérience. Ils bénéficiaient de « prescriptions muséales ». 

La visite du musée BELvue commence par un moment de détente. Assis en cercle, les membres du groupe sont invités par Pascale Bach, présidente de CAP, Centre d’Animation et de Pédagogie, à passer de main en main une boule à neige, puis à la secouer et souffler tranquillement à mesure que les flocons retombent sur le socle. « On laisse tout retomber, on souffle », explique Pascale Bach à l’assistance. « Cela peut paraître idiot au premier abord, mais c’est apaisant de canaliser notre attention sur quelque chose qui fait du bien. » La boule à neige n’est qu’un des outils qu’utilise l’animatrice pour les publics à besoins spécifiques qu’elle guide à travers les salles du musée. « À chaque visite, j’utilise des outils différents, sur mesure, adaptés aux pathologies des visiteurs », ajoute-t-elle. Qu’elle brandisse le ‘baromètre du bien-être’, le plan détaillé du musée ou la boule à neige, l’objectif est le même : il s’agit d’apaiser les patients, de distiller du calme et de l’écoute, afin de créer les conditions propices au bien-être. 

Aujourd’hui, le groupe qu’accueille Pascale Bach est composé d’une dizaine de personnes, qui  suivent le programme de revalidation en addictologie de l’hôpital de jour du CHU Brugmann. Ce programme s’adresse à des personnes qui traversent des troubles liés à l’usage d’alcool, dont le but est de réduire ou arrêter leur consommation. Elles sont accompagnées de trois soignants du CHU.

Une prescription et de la joie de vivre

Ces visiteurs, un peu intimidés au premier abord, bénéficient d’une visite gratuite grâce à la « prescription muséale » qu’un soignant leur a prescrite. Le principe est simple : la culture est bénéfique au bien-être, à la santé. Elle peut aider au soin et au rétablissement des patients dans des domaines divers, dont la psychiatrie. Pourquoi ne pas « prescrire » une visite au musée, au même titre qu’un médicament ou une séance de kiné ? Ces prescriptions ont vu le jour au Canada et ont inspiré la Ville de Bruxelles qui a, dans un premier temps, lancé un projet-pilote associant le CHU Brugmann et les cinq musées de la Ville. Vu les effets bénéfiques indéniables de ces sorties culturelles, l’initiative se déploie plus largement et concerne désormais 18 structures médicales et 13 musées bruxellois. « Le musée permet de sortir de chez soi, il apporte de la joie de vivre et devient ainsi un outil de soins », atteste Aurélie Cerf, responsable des publics et des activités au musée BELvue. « Jusqu’à présent, les visites ont apporté des sourires, du mieux-être, de l’ouverture, et ce sont de véritables petites victoires », ajoute-t-elle.

Le groupe avance dans les travées de ce musée consacré à la Belgique et son histoire, et suit le parcours intitulé ‘La Belgique en harmonie’, où la musique sert de fil rouge. Dans la salle ‘Démocratie’, on évoque le suffrage censitaire en Belgique, au 19ème siècle. Les visiteurs miment, au son d’un ‘handpan’, du nom de cet instrument en acier prisé des amateurs de relaxation, les attitudes des protagonistes de cette époque. Les riches industriels, les intellectuels, les ouvriers et les ‘sans voix’. Le moment est instructif et ludique. Catherine Hanak, cheffe de clinique dans le service psychiatrie du CHU Brugmann rappelle que « la culture est un adjuvant aux autres traitements, et sans contre-indication ». Pour la psychiatre, les bienfaits d’une escapade muséale sont innombrables, pour des patients souvent très fragilisés : « Le fait de sortir en groupe aide à surmonter la honte de soi et permet de lutter contre l’auto-discrimination. Cela développe les liens interpersonnels et favorise l’alliance thérapeutique entre soignants et patients. »

Sortir de sa coquille

Les visiteurs déambulent ensuite dans les salles consacrées à la prospérité, à la solidarité, aux migrations, non sans opérer des détours rythmés, comme devant ce modèle de saxophone d’Adolphe Sax. À chaque fois, des petites animations, parfois musicales, sont proposées. Les visiteurs apprennent, se connectent et se détendent. Pour Véronique, l’une des visiteuses, cette excursion, c’est comme une bulle d’oxygène, « car elle permet de nous socialiser et de reprendre contact avec le monde extérieur sans s’arrêter au café du coin ». Natacha, une autre participante, abonde : « Cela m’aide à réintégrer la société ‘normale’, car j’ai tendance à me renfermer. » La tonalité est la même du côté de Sabine, qui souligne le côté « divertissant de l’approche adoptée par l’animatrice. Et puis cette sortie de groupe nous fait sortir de notre coquille, cela crée une ouverture ». Avant de quitter le musée, des membres du groupe viennent chercher d’autres « prescriptions muséales » auprès des soignants. Ils ont ‘accroché’ à l’activité du jour et reviendront visiter ce musée, ou iront en découvrir un autre. « Et c’est bien là toute notre philosophie », conclut Catherine Hanak. « Rendre les personnes autonomes. » 

«La sortie au musée aide à reprendre contact avec le monde extérieur.»
Participante aux « prescriptions muséales »

À propos des « prescriptions muséales »

Initiative de la Ville de Bruxelles et du Service de Psychiatrie du CHU Brugmann, le projet des « prescriptions muséales » fusionne expérience muséale et santé mentale pour le bénéfice de tous et toutes. Le musée BELvue, géré par la Fondation Roi Baudouin, est l’un des musées partenaires. Il propose des visites individuelles et des visite en groupe, en collaboration avec CAP, Centre d’animation et de Pédagogie. 

Plus d’infos : https://www.belvue.be/fr/activities/prescription-museale

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