Récit

À Arlon, des ‘Tiny houses’ pour apprendre la vie d’adulte

Dans le jardin du service ‘Le Pré en Bulles’, qui héberge des jeunes en grandes difficultés familiales, une ‘Tiny House’ a été construite, avec le soutien du Fonds Henri et Ghislaine, géré par la Fondation Roi Baudouin. Une petite maison pour aider de grands ados à apprendre le quotidien de la vie d’adulte. Le but : amortir le choc de l’après 18 ans.

Elle n’a pas encore 17 ans. Malgré ce jeune âge, Sandy ouvre la porte de sa ‘Tiny House’ d’un geste assuré. Ce petit chez-soi, de 30 mètres carrés tout de même, Sandy l’apprécie sans retenue. ̏Pour moi c’est clair, c’est le début de la liberté.ˮ La jeune fille s’est installée dans cette maisonnette, qui comporte une chambre, un salon, une kitchenette et une salle de bains, au début du mois d’août. Les quelques éléments décoratifs, dont un cadre rempli de photos, ne sont pas encore accrochés aux murs. ̏J’y ai mis les gens de passage qui sont restés un bout de temps dans ma vieˮ, dit-elle. Sur ces photos figurent des membres de la famille de Sandy, mais aussi des jeunes et des éducateurs du Pré en Bulles, du nom de ce Service résidentiel général (SRG) de l’Aide à la jeunesse, où Sandy est hébergée et accompagnée depuis 12 ans maintenant.

Dans ces services, on trouve des enfants et des adolescents, placés sur décision d’une autorité mandante pour les mettre à l’abri, au moins momentanément, des graves difficultés qu’ils affrontent au sein de la cellule familiale. La vie collective, à mesure que l’on y grandit, peut s’avérer éprouvante. ̏Maintenant, je vais enfin pouvoir dormir, me replier dans ma bulle quand j’en ai envie. Mais en même temps, s’il y a le moindre problème, je peux faire appel aux éducateurs, car je suis juste à côtéˮ, lance Sandy, en pointant du doigt la ‘Tiny House’, petit cube blanc déposé dans l’arrière-cour du SRG. Lorsqu’un retour en famille est impossible, ce sont bien les services agréés de l’Aide à la jeunesse qui accompagnent les jeunes dans ce passage complexe vers l’âge adulte.

Une transition à hauts risques

Sandy est dynamique. Elle économise ses revenus, générés par son job à la friterie d’à côté, pour s’acheter divers accessoires technologiques. Elle pratique l’équitation sur base régulière - un fanion plissé de couleur bleu roi, décroché lors d’un concours équestre, en témoigne. Enfin, elle entame des études pour devenir coiffeuse.

Ces multiples activités indiquent une certaine indépendance de caractère. Mais la vie en solitaire reste, pour Sandy, une découverte de chaque instant. Se lever par elle-même, appréhender des peurs, préparer ses repas, ranger ses affaires, nettoyer le sol, payer un loyer symbolique de 50 euros. Il lui faut tout apprendre. C’est à cette fin que cette première ‘Tiny House’ a été construite, avec le soutien crucial du Fonds Henri et Ghislaine, géré par la Fondation Roi Baudouin. ̏Nous pensions qu’il était nécessaire de mieux préparer les jeunes à cette rupture sévère entre la vie cadrée d’une institution et la liberté totaleˮ, décrypte Alain Deworme, président du CPAS d’Arlon, dont dépend ‘Le Pré en Bulles’. Car le passage entre vie communautaire et vie d’adulte est à hauts risques. C’est ce dont témoigne Anne-Sophie Adam, assistante sociale : ̏Certains jeunes ne sont pas du tout prêts, même s’ils sont convaincus qu’ils vont ‘gérer’. Il leur faut tout à coup gérer leur budget, faire leurs courses, poursuivre leurs études, entretenir le lieu de vie. C’est très compliqué. Il y a parfois des expulsions de kots. Dans certains cas, une transition mal préparée peut aboutir à des situations de sans-abrisme.ˮ

"Des jeunes ont besoin d’une phase transitoire entre la vie en institution et la vie en autonomie."
Vincent Louis
directeur du ‘Pré en Bulles’

Le ‘Pré en Bulles’ accompagne des mineurs en kots, avant leur majorité, dans le cadre de programmes d’autonomie financés par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Avant le grand bain de la vie d’adulte. ̏Des jeunes ont besoin d’une phase transitoire entre la vie en institution et la vie en autonomie, pour expérimenter le quotidien, imaginer à quoi ressemblera cette vieˮ, récapitule Vincent Louis, le directeur du ‘Pré en Bulles’. Le fait d’avoir placé la petite maison juste à côté du service aide à garder un lien quotidien entre le jeune et les éducateurs. ̏Les jeunes apprennent à savoir vers qui se tourner en cas de difficultéˮ, ajoute Christophe Gretz, le coordinateur du service. Lorsqu’un orage a frappé Arlon, au mois d’août, Sandy est venue se réfugier au sein du service, raconte avec bienveillance Christophe Gretz. Preuve que l’autonomie s’apprend à petits pas. Une transition en douceur. En janvier 2024, Sandy aura un voisin ou une voisine. Une deuxième ‘Tiny House’ sera construite, attenante à la première.

À propos du Fonds Henri et Ghislaine

Géré par la Fondation Roi Baudouin, le Fonds Henri et Ghislaine a pour objet la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale en Belgique. Il soutient en priorité des initiatives appelées à assurer un logement aux personnes en situation de pauvreté, de détresse ou de précarité pour les aider à prendre une place digne dans la vie familiale et sociale.

A propos des dénombrements du sans-abrisme et de l’absence de chez-soi

Pour la quatrième année consécutive, la Fondation soutient les équipes de recherche de l’UCLouvain (CIRTES) et de la KULeuven (LUCAS) dans la réalisation de dénombrements du sans-abrisme et de l’absence de chez-soi en Belgique. Ceux-ci auront lieu le 20 octobre 2023. Plus d'infos

Combinées à des recherches qualitatives, les données recueillies lors des dénombrements permettent aussi de mettre en lumière la situation de publics spécifiques, tels que les jeunes adultes sans-abri et sans chez-soi. Ainsi, d’après les résultats d’une étude menée par l’UCLouvain, l’UGent et la KULeuven à la demande de la Fondation en 2022, il apparaît que près d’un adulte en errance sur cinq a entre 18 et 25 ans. Plus d’infos

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