Récit

‘Brusetta’ : des moments de rencontre pour les papas et les fratries d’enfants avec un handicap

Le 16 octobre dernier, la plateforme Vaderklap organisait ‘Brusetta’, une rencontre informelle destinée aux papas, frères et sœurs d'enfants avec un handicap physique, mental ou psychosocial. On y a parlé, mangé, joué, cuisiné… dans le but de se soutenir et de s’inspirer mutuellement. Retour sur un après-midi placé sous la signe du réconfort et de la convivialité.

Lancé en 2016, Vaderklap a vu le jour sous la forme d’un blog, à l'initiative de deux papas qui avaient envie de raconter et partager ce que signifie être père au 21esiècle. Les deux papas avaient en effet constaté qu'il existait, en Belgique, des dizaines de forums pour les mamans, mais aucun pour les papas, alors que le besoin était bien réel.

Depuis, leur ‘bébé’ a grandi pour devenir, aujourd’hui, une plateforme de rencontre très connue en Flandre. À son actif : un livre, un magazine, des vidéos, des podcasts, un congrès, des week-ends camping et diverses autres activités, avec un cortège de followers enthousiastes. Wim Schotsmans, l’un des animateurs du projet, commente : "Combien de fois n’avons-nous pas entendu, au terme d’une activité : "c'est la première fois que je parle à d'autres papas de mon rôle de père, cela m’a tellement apporté !" C'est ce qui fait notre différence et c'est pour cela que nous le faisons."

Un réel besoin

‘Brusetta’ est l’une des nouvelles activités de Vaderklap destinées aux papas, frères et sœurs d’enfants avec un handicap (les brussen – ‘fratrie’ en néerlandais – d’où le nom ‘Brusseta’). L’initiative est animée par Karl Zwinnen, le papa de Victor, 11 ans, qui souffre de déficience visuelle.

Pourquoi est-il important que les papas puissent se retrouver entre eux ? ", questionne Karl Zwinnen. “En général, ce sont les mamans qui s’en chargent. Les hommes pensent encore trop souvent qu'ils doivent être forts et tout contrôler. J'ai moi-même été élevé comme ça. Mon père a toujours eu une attitude dure. Aujourd’hui encore, il dit parfois des choses qui m’interpellent. Il est surprenant et impressionnant de voir à quel point cela fait du bien à tout le monde. C’est bien la preuve qu'il y a un grand besoin."

Vécus similaires

Un dimanche d'automne ensoleillé. Dans un magnifique hangar reconverti en bureaux et en espaces de réunion, à Beveren, fourmillent mille et une activités. À l'intérieur, des frères et sœurs s’occupent d’un atelier de grimage pour enfants. Dans le jardin, à l’arrière, des papas se sont lancés dans une discussion animée par Rob Vanoudenhoven, papa d'Emma, 22 ans, qui se déplace en fauteuil roulant et a besoin d'aide pour tout.

Un peu plus tard, lors d’une promenade dans une zone naturelle, il explique pourquoi il est important, selon lui, d’être présent aujourd'hui. "On m'a présenté comme co-modérateur, mais à aucun moment je n'ai dû assumer ce rôle, parce que notre discussion s'est déroulée naturellement", explique Rob Vanoudenhoven. "Je suis souvent sollicité pour ce genre d'activité, mais c'est la première fois que je me retrouve avec des hommes – et l’on pense communément que les hommes ne peuvent pas parler de leurs sentiments. Je ne les avais jamais vus auparavant, et pourtant, c’était comme si on se connaissait depuis des années. Souvent, il suffit d'une petite phrase : "C’est pareil pour nous ! ". On sent immédiatement que l’on a tous vécu les mêmes choses."

Récits et anecdotes trouvent un écho particulier et sont reconnaissables par tous les papas présents. Comme cette histoire d’amis qui organisent une grosse fête avec DJ, mais ne les invitent pas car "de toute façon, leur enfant n’aime pas beaucoup ça". Ou ces papas invités au restaurant pour découvrir, sur place, qu'ils doivent monter vingt marches avec un enfant en fauteuil roulant. Outre les difficultés liées au handicap en général, les échanges sont aussi l’occasion, pour les papas, de s’arrêter pour réfléchir à la façon d’aborder, avec leurs enfants, la difficulté d’être un frère ou une sœur d’un enfant avec un handicap. Comment vivent-ils le handicap de leur frère ou sœur ? La rencontre permet aux papas de se concentrer sur cette relation particulière et d’être à l’écoute du vécu spécifique de leurs enfants, confrontés au handicap de leur frère ou sœur.

Aide précieuse

Au retour de la promenade, Karl Zwinnen dit reconnaître les situations et vécus partagés. "J'ai entendu aujourd'hui des choses très intéressantes. Rob m'a par exemple raconté que son fils lui avait dit qu’être le frère d’un enfant avec un handicap avait été plus difficile que ce que Rob pensait. Mais il ne lui a fait cette confidence qu'à l'âge de 25 ans. En tant que papa, je veux éviter cela avec ma fille, qui a parfois l'impression de devoir régler des tas de choses pour son frère, qui est aveugle. J'essaie d’être attentif à cela et de la soulager, parce que ce n'est pas son rôle. Chaque jour, il faut faire face à des difficultés. Des échanges comme ceux-ci sont d’une aide précieuse."

Rob Vanoudenhoven enchaîne : “De nombreuses situations dans notre vie occasionnent des moments gênants. C’est bien de pouvoir en parler avec d'autres personnes qui sont dans le même cas, car on sent tout de suite qu'on peut s’épancher ouvertement. Certaines personnes sont prêtes à vous écouter parler des problèmes que vous rencontrez avec votre enfant, mais elles n'y donnent pas toujours suite. Rien que pour cela, c’est une formidable initiative, l'une des plus fortes que j'aie vécues. Et des plus réconfortantes, parce qu’on se sent reconnu.”

“Il est surprenant de voir à quel point cela fait du bien à tout le monde. C’est bien la preuve qu'il y a un grand besoin.”
Karl Zwinnen
papa de Victor, 11 ans, qui souffre de déficience visuelle

Ici, pas de sentiment de culpabilité. On peut discuter librement, sans filtre. “La compréhension vient naturellement car tout le monde vit la même chose. C’est une source de réconfort, cela fait énormément de bien."

À propos de l’action de la Fondation Roi Baudouin en matière de handicap

Vivre avec un enfant avec un handicap ou une maladie grave peut être très enrichissant, mais aussi source de difficultés. Afin de mettre cette thématique à l’agenda et de stimuler des initiatives qui répondent aux besoins des familles d’enfants avec un handicap, la Fondation Roi Baudouin a lancé deux appels à projets. Le premier appel visait des projets qui soutiennent les frères et sœurs d’enfants avec un handicap, alors que le deuxième avait pour objectif de soutenir les parents de ces enfants. La plateforme Vaderklap est l’une des 16 initiatives soutenues, pour un montant total de 79.700 euros.

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