Aide familial.e, aide ménager.e social.e, infirmier.e, aide-soignant.e… Des métiers dont la société ne peut se passer, porteurs de sens, gratifiants, variés. Et en même temps, des métiers pénibles, sous-valorisés, en manque de main-d’œuvre. L’aide et les soins à domicile constituent un secteur plein d’atouts et en plein expansion, mais il est sous tension. Pour trouver des solutions, il faut tenir compte du contexte global et impliquer un large éventail d’acteurs. C’est ce que démontre l’enquête sur l’emploi dans ce secteur en Wallonie, réalisée par l’UNIPSO à l’initiative du Fonds Dr. Daniël De Coninck, géré par la Fondation Roi Baudouin.
Vieillissement de la population, perte d’autonomie, augmentation des maladies chroniques, développement de l’hospitalisation à domicile, désinstitutionalisation des soins, souhait de vivre chez soi le plus longtemps possible : autant de défis pour notre société, auxquels le secteur de l’aide et des soins peut contribuer à répondre. La demande d’aide et de soins de qualité à domicile ne cesse de croitre : on estime que d’ici à 2050, les besoins de la population en la matière augmenteront de 25% à l’échelle européenne (Long term care in the EU, European Union, 2021).
Les initiatives se multiplient pour anticiper l’avenir du secteur, à l’instar des Assises de la première ligne wallonne lancées en septembre. Engagé depuis plusieurs années dans le renforcement d’une première ligne humaine, accessible et de qualité, le Fonds Dr. Daniël De Coninck, géré par la Fondation Roi Baudouin, a demandé à l’UNIPSO, la confédération des employeurs du secteur à profit social, de faire le point sur les enjeux et d’explorer des pistes d’action pour répondre aux nombreux défis de l’emploi dans le secteur de l’aide et des soins. Au total, plus de 1.300 professionnels, des étudiants et des employeurs du domicile (tant du secteur à profit social que du secteur public) en Wallonie ont pris part à une large consultation réalisée en 2020, ainsi qu’à des focus groupes.
Pourquoi entre-t-on dans ce secteur, pourquoi choisit-on ces métiers et pourquoi y reste-t-on ? Pour la première fois, une étude aborde ces questions de manière globale, en analysant la chaîne attractivité-formation-recrutement-insertion-fidélisation et les leviers d’actions qu’ont les acteurs qui s’y rapportent, tout en tenant compte des spécificités régionales. Cette étude qualitative a mobilisé de nombreux acteurs du secteur et a enclenché une véritable dynamique, dans le sens d’une meilleure interconnaissance et d’une plus grande collaboration entre les différents acteurs.
Six métiers
Le secteur de l’aide et des soins est très complexe au vu de son contexte législatif, politique et social, et compte tenu du nombre important d’acteurs concernés par l’emploi et les métiers – ce qui ne facilite pas les actions coordonnées. L’étude se concentre sur six métiers : aide familial.e, garde à domicile, aide ménager.e social.e, assistant.e social.e, infirmier.e, aide-soignant.e. Des métiers exercés majoritairement par des femmes et dont l’âge moyen tend à augmenter (entre 38 et 48 ans, selon les métiers). Il ne s’agit toutefois que d’une partie des professions du secteur de l’aide et des soins, qui compte également les opérateurs de titres-services ou d’autres métiers liés aux petits travaux, transport, livraisons des repas – sans parler du travail non déclaré – tous non repris dans l’étude.
Un secteur plein d’atouts, mais sous tension
Les professions de l’aide et des soins à domicile présentent beaucoup d’atouts : il s’agit de métiers dont la société ne peut se passer, porteurs de sens, gratifiants, variés et laissant place à une grande autonomie. 46% des aides familiales répondant à l’enquête disent avoir choisi ce métier par vocation. Une aide familiale témoigne : "C’est une vraie relation, c’est l’humain qui est là et c’est pour ça que j’aime tellement ce que je fais. C’est un métier inscrit dans la vie de tous les jours. Je n’ai jamais voulu faire autre chose".
Le marché de l’emploi est en outre en pleine expansion : le secteur est, et restera, un grand pourvoyeur d’emplois. Nombreux sont celles et ceux qui y entrent suite à une réorientation ou une réinsertion dans le marché du travail. Mais les métiers du domicile sont aussi fort cloisonnés et très encadrés. Ils peuvent être pénibles, tant sur le plan physique que psychologique, et les conditions de travail peuvent être difficiles. Les travailleurs et travailleuses font état d’un manque de reconnaissance et de valorisation. Ils jugent leur salaire trop faible, leurs horaires trop fluctuants et leurs possibilités d’évolution, trop limitées. "A l’hôpital, on est dans une équipe et, en cas de problème, on a un interlocuteur direct. Mais à domicile, c’est autre chose ! Ça demande des compétences plus élaborées, qui doivent être valorisées", déclare une coordinatrice Instance bassin espace formation emploi. Le secteur souffre en outre d’un turnover important et fait face à une pénurie de main-d’œuvre pour faire face à l’augmentation des besoins.
Pistes d’action
Sur la base des constats posés, l’étude identifie une série de pistes d’action dans sept domaines différents. Il s’agit :
- de communiquer, non pas sur une succession de tâches, mais sur l’essence même du métier, les bénéficiaires, l’aspect collaboratif et l’impact sur la qualité de vie des personnes ;
- d’améliorer les conditions de travail des travailleurs et travailleuses ;
- d’adapter les formations et les profils des métiers aux évolutions de la société, des techniques et des besoins des bénéficiaires ;
- de favoriser la collaboration entre les différents métiers et de développer leur complémentarité ;
- de développer une nouvelle approche politique du secteur, favorisant des mesures concrètes de transition entre le domicile et les secteurs résidentiels et jetant des ponts entre les différents métiers ;
- d’innover et d’aider les acteurs à se réinventer ;
- de coordonner la collecte de données pour contribuer à objectiver et à résoudre les problèmes d’attractivité et de fidélisation.
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