Récit

L’habitat groupé de Vosberg : La passion du vivre-ensemble intergénérationnel

A l’est de la région bruxelloise, 29 familles ont acheté un monastère. Leur « habitat groupé », intergénérationnel, se veut résolument ouvert sur le quartier et ancré dans des valeurs d’entraide et d’écologie. Il a bénéficié de l’aide du Fonds Generet à hauteur d’au moins 300.000 euros.

A Wezembeek-Oppem, non loin de Bruxelles, l’ancien monastère de l’ordre catholique des « passionistes » semble à l’abandon. Bientôt, ces bâtiments de briques rouges, dont certains ont été construits au début du 20ème siècle, reprendront vie. Une petite trentaine de familles ou de personnes isolées vont investir ce lieu hors du temps, qu’elles ont acheté, pour y construire de nouvelles façons de vivre ensemble.

Les futurs habitants du « Vosberg » veulent y créer un habitat groupé, connecté à la vie du quartier et ancré dans des valeurs fortes, de solidarité, d’écologie, de liens entre les générations, tout en valorisant ce patrimoine architectural. « En ces temps individualistes, porter des projets en commun, c’est déjà quelque chose d’important, explique Jorn Verbeeck, l’un des initiateurs. Mais nous voulons aller plus loin, en ouvrant des espaces vers l’extérieur, par exemple avec un Repair Café ou un café citoyen. Nous comptons aussi ouvrir une crèche. » Ce sont ces valeurs revendiquées qui ont convaincu les cinq derniers moines de vendre leur bâtisse à ce groupe d’acheteurs idéalistes plutôt qu’à des promoteurs immobiliers.

A l’entrée du monastère, on trouve un petit espace aujourd’hui encore goudronné au milieu duquel poussent des sapins et deux paulownias, dont les fleurs bleues tardent à sortir. « C’est ce que nous appelons la cour du village, elle sera ouverte au public, car nous voulons créer un esprit village », décrit Patricia Blake, 66 ans, l’une des futures habitantes. Dans les couloirs de l’ancien monastère, la poussière s’accumule sur de vieux meubles en bois. Au premier étage, on trouve la vieille chapelle, partiellement lambrissée et dont les plafonds sont soutenus par des arcs brisés. « Ici, Il y aura peut-être une chorale, des cours de yoga ou des activités de méditation, décrit Patricia. Certains rêvent même d’en faire une bibliothèque à la Poudlard.» Patricia s’est jointe au groupe des futurs habitants juste après la retraite, à l’issue d’une carrière dans la banque Triodos. « J’ai besoin de mouvement, de mixité, d’animation », détaille-t-elle tout en montrant l’immense jardin de 1,7 hectares où l’on trouve des arbres fruitiers et des potagers.

Cette volonté de vivre ensemble, de tisser des liens entre générations, c’est aussi ce qui a motivé Isabelle Pluvinage, lorsqu’elle s’est associée aux autres acheteurs, réunis par Coarchi, un bureau atypique d’architectes qui accompagne des projets d’habitats collectifs. Après le départ de ses enfants de l’appartement familial, la perspective de vivre à deux, à Bruxelles, ne l’enchantait guère : « A Bruxelles, parler avec ses voisins c’est une aventure. Nous avions envie d’emménager dans un lieu de vie, où rencontrer les gens. Et puis nous sommes de ‘jeunes vieux’, nous pourrons nous occuper du jardin, garder un œil sur les gamins des autres habitants, aller les chercher à l’école si besoin. »

Un projet solidaire

Parmi les valeurs que l’on défend à Vosberg, il y a la solidarité. « Certaines familles n’avaient pas la possibilité financière de rejoindre le projet, mais nous étions tellement alignés sur les valeurs, qu’on a cherché une solution », se souvient Jorn Verbeeck. Les habitants se sont donc accordé des prêts à des taux préférentiels les uns aux autres. « Preuve que la solidarité est ici impressionnante, les habitants ont aussi décidé de renoncer à une partie de la plus-value en cas de revente », reprend Jorn. En effet, un mécanisme de captation de plus-value et la création d’un Fonds de solidarité ont pour objectif de garder des prix accessibles pour des familles plus modestes.

Dans le même ordre d’idées, 6 logements seront destinés à l’accueil de publics aux besoins spécifiques. On comptera deux logements pour jeunes en difficultés qui seront accompagnés par une association locale et quatre logements pour des personnes âgées, en risque d’isolement. Ces dernières auront la possibilité de mutualiser les soins dont ils ont besoin, mais également de bénéficier d’échanges spontanés avec l’ensemble des autres habitants : support, entraide, apprentissage intergénérationnel. Cet accueil de seniors sera rendu possible grâce au soutien, à hauteur de 300.000 euros, du Fonds Generet géré par la Fondation Roi Baudouin. La Fondation souhaite ainsi encourager les formules innovantes d’habitat pour personnes âgées.

"En ces temps individualistes, porter des projets en commun, c’est important."
Jorn Verbeeck
l’un des initiateurs de l’habitat groupé intergénérationnel de Vosberg

Le projet est ficelé. Les plans des travaux sont prêts. Mais la demande de permis pour ce projet complexe tarde à trouver son chemin dans les méandres administratifs depuis bientôt trois ans. Ceux-ci devraient enfin être délivrés ces prochaines semaines suite à l’obtention d’un partenariat avec la commune, permettant enfin l’entame de travaux qui pourraient s’étaler sur deux années supplémentaires. Ces longs délais n’entament pas le moral des futurs habitants. « Oui il y a des difficultés, reconnaît Isabelle Pluvinage. Mais cela a permis de tester le groupe. Et nous sommes un groupe à l’énergie positive. Un groupe qui ne lâche pas. »

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