KBF Prix Afrique 2020-2021 : Elman Peace construit la paix dans le sillage des conflits
L’organisation somalienne Elman Peace a reçu le KBF Prix Afrique 2020-21 le 16 juin, en présence du roi Philippe et de la reine Mathilde. Ce Prix récompense les efforts fructueux de l’organisation en matière de lutte contre la violence et de promotion de la justice sociale en Somalie et au-delà. Le bilan de son action en faveur de l’autonomie et du développement du leadership des femmes et des jeunes est particulièrement remarquable.
Le comité de sélection du KBF Prix Afrique de la Fondation Roi Baudouin estime que les solutions proposées par Elman Peace en Somalie au cours des 30 dernières années ont le potentiel pour inciter d’autres sociétés, en Afrique et au-delà, à tourner la page des conflits et à suivre une voie plus inclusive.
"En s'efforçant de construire la paix en Somalie, marquée par de longues guerres civiles, Elman Peace a développé de puissants outils qui constituent autant d’exemples pour nous tous. Fartuun Adan et sa fille Ilwad Elman ont démontré qu’en travaillant avec les individus et les communautés locales, il est possible de construire un avenir meilleur", a déclaré Yasmine Kherbache, vice-présidente de la FRB, en remettant le Prix au Palais royal.
"Fondée par leur défunt mari et père Elman Ali Ahmed, Elman Peace a déjà aidé des milliers de jeunes Somaliens à se reconstruire après avoir été entraînés dans la violence."
Notant l'ampleur des défis auxquels la Somalie est aujourd'hui confrontée, à l’heure où le changement climatique et les sécheresses dévastatrices créent de nouvelles menaces pour la sécurité, Ilwad Elman, directrice des programmes de l'organisation basée à Mogadiscio, souligne l’importance de la reconnaissance de la FRB pour l’équipe d’Elman Peace.
"La paix signifie bien plus que l'absence de guerre", dit-elle. "Il s'agit de créer une communauté, un environnement dans lequel les gens peuvent réaliser leur véritable potentiel et avoir la possibilité de donner le meilleur d'eux-mêmes. Parvenir à une paix sincère et durable requiert d’être en paix avec soi-même et je pense que c’est à portée de main, aujourd’hui plus que jamais, en Somalie."
L’organisation et la famille ont partagé les souffrances des Somaliens. Adan a fui son pays avec ses trois filles en bas âge. Son mari est resté pour poursuivre sa mission et a été assassiné en 1996. Dix ans plus tard, Adan est revenue de son exil au Canada pour reprendre son action, suivie par ses filles. L’aînée, Almaas, a également été tuée, en 2019.
Aujourd’hui, avec plus de 200 personnes basées à Mogadiscio et dans huit antennes régionales à travers la Somalie, Elman Peace dispose d’un éventail de programmes gérés localement par des équipes jeunes, engagées et professionnelles, qui collaborent étroitement avec leurs communautés.
Parmi les exemples marquants, le programme Drop the Gun, Pick up the Pen vise à détourner les enfants et les adolescents des groupes armés en leur offrant une éducation.
"L'éducation n'est pas une marchandise et en Somalie, elle est encore privatisée à 100%", déclare Fartuun Adan. "Nos programmes d'éducation gratuite nous ont permis de constater l’impact et le pouvoir de transformation que peut avoir l’éducation, notamment auprès de jeunes qui quittent les groupes armés. Certains jeunes qui participent à nos programmes n'avaient jamais eu un stylo en main avant de venir chez nous, et maintenant, ils vont à l'université. Cela montre que si vous faites un effort, les gens peuvent changer - ils ont juste besoin qu’on leur en donne l’opportunité."
"À travers notre travail, nous essayons de restaurer la confiance", complète Ilwad Elman. "La confiance dans les systèmes, dans le gouvernement, entre des personnes qui n'ont aucun autre lien entre elles. Les jeunes qui ont été mis au ban de la communauté, qui ont été étiquetés comme étant dangereux, nous leur faisons confiance en les intégrant dans nos programmes. Et ils nous font confiance en participant aux différentes initiatives que nous leur proposons."
Avec Sister Somalia, Elman Peace a créé les premiers centres d’aide aux victimes de viol dans le pays. Le programme She Will fournit des ressources pour l’éducation des adolescentes. Elman Peace s’attache également au bien-être mental des victimes de la guerre, en leur proposant des thérapies qui incluent méditation, yoga et sport.
L’organisation a l’intention d’utiliser une partie du soutien financier associé au Prix (200.000 euros) pour continuer à développer ses programmes d’aide aux militants de la paix.
Vous trouverez ci-joint un document de présentation d’Elman Peace.
Des photos d’Elman Peace sont disponibles via ce lien. Veuillez mentionner le copyright : © Elman Peace. Regardez la vidéo sur Elman Peace.
À propos du KBF Prix Afrique
Créé en vue de récompenser des contributions remarquables au développement en Afrique, initiées et gérées par des Africain.e.s, le KBF Prix Afrique cherche à attirer l’attention du public sur les nombreuses histoires inspirantes, les défis et les réussites sur le continent. Il est décerné tous les deux ans et est doté d’un soutien financier de 200.000 euros, ainsi que d’opportunités de développer des contacts et des partenariats dans le monde. Retrouvez ici la liste des membres du jury.
Parmi les précédents lauréats du KBF Prix Afrique :
• Wecyclers, dont les innovations en matière de collecte et de recyclage des déchets à Lagos, au Nigeria, ont été récompensées par le KBF Prix Afrique 2018-2019.
• Dr Denis Mukwege, Lauréat du Prix Nobel de la Paix 2018, a reçu le KBF Prix Afrique 2010-2011 pour son travail à l'hôpital de Panzi, à l'est de la RD Congo, où ont été soignées des dizaines de milliers de victimes de violences sexuelles.
• BarefootLaw, utilise les technologies numériques pour fournir des services juridiques aux communautés défavorisées en Ouganda, permettant ainsi aux plus vulnérables d’accéder à la justice.
• Farmerline, connecte les agriculteurs au Ghana, les aidant à partager des informations et à stimuler la production.
• Bogaletch Gebre, fondatrice de KMG Ethiopia, pour son travail de lutte contre les mutilations génitales féminines en Éthiopie.